Dégustation du soir, Martinique

Depaz: une histoire de bruts – 2ème partie

Deux mois et demi sont passés, il est temps de nous replonger dans les bruts de fûts de la distillerie Depaz. Si vous avez un peu suivi, je vous avait présenté les millésimes 2000 (2 fûts), 2003 et 2004. Au moment de la sortie de cet article la distillerie venait d’annoncer la sortie de deux nouvelles éditions dans cette série. Au programme cette fois ce sont les années 2002 et 2005 qui sont mises à l’honneur. Bien entendu, comme pour les 2000 et 2004, plusieurs fûts et des exclusivités territoriales viennent pimenter tout ça (sinon ça ne serait pas drôle 😀 ).

Depaz 2002 Brut de fût #702 – 64,9%

Nous commençons avec le millésime 2002. Au programme, 17 ans de vieillissement en fût de chêne français avant une mise en bouteille sans réduction ni intervention, d’où le terme de « brut de fût ». Deux fûts embouteillés séparément et tous les deux réservés aux marches « hors-France ». Attention de ne pas voir dans les termes autre chose que ce qu’ils sont: brut de fût signifie qu’entre la sortie du fût et la mise en bouteille le rhum ne subit aucune modification. À aucun moment le terme n’est synonyme d’une absence totale de réduction au cours de la vie du rhum. Rien ne laisse présager que ce soit le cas ici mais la précision valait la peine 😉 Cette bouteille-ci titrant à 64,9% , l’autre fût, le numéro #706, est sorti en même temps mais au titre de 61,6%. Ils ont été commercialisés au tarif approximatif de 165€

Crédit photo: Ti-Rhum

Nez

Avec un tel âge forcément on s’attend à un profil boisé et de fait, c’est bien marqué et le boisé se fait par moments grillé, avec même des touches de fumée. Derrière ce boisé il y a de la pomme (y’en a) mais pas trop sur la gourmandise, plutôt herbacée. Des notes de camphre, de vanille et une touche de prune sont également présentes pour compléter la description.

Bouche

La déception du nez pour l’amateur de fruit est compensée en bouche car ceux-ci sont bien plus présents. J’y retrouve de l’abricot (nettement) et de la vanille bien plus présente qu’au nez. Bien entendu le boisé est présent aussi mais il laisse plus de marge aux fruits et c’est tant mieux. Une note épicée vient relever le tout, pas forcément le camphre du nez mais impossible de mettre un nom dessus. La longueur est moyenne, suffisante pour marquer mais pas au-delà de la demi-minute.


Depaz 2005 Brut de fût #503 – 58,2%

Même chose pour ce millésime 2005, deux fûts ont été mis en vente à la sortie: les fûts 502 et 503. Pour ce qui est de la fiche technique l’idée générale est la même, seuls les détails changent. Qui dit année 2005 et sortie 2019 dit forcément 14 ans de vieillissement, intégralement en fût de chêne français. L’embouteillage s’est fait sans réduction et donc nous obtenons un titre de 58,2%, strictement identique sur les deux fûts, ce qui ne manquera d’ailleurs pas de nous faire nous poser des questions sur la possibilité d’obtenir deux rhums vieillis 14 ans, chacun de son côté, et dépotés au même titre alcoolique au dixième de degré près. Mais soit, les deux fûts sont encore disponibles actuellement à un tarif de plus ou moins 130€ alors passons à la dégustation du fût 503 😉

Crédit photo: Rhum Attitude

Nez

Le contraste avec le 2002 est marquant. Le nez est bien plus « chaud », plus épicé mais aussi moins expressif en premier lieu. C’est à la fois fleuri et gourmand, malgré le boisé là aussi bien présent. Des arômes de tabac et de vanille viennent dessiner le profil, avec des touches de prune et de fruits confits. Assez différent du précédent donc mais aussi plus séduisant à mon goût.

Bouche

Sur le palais c’est plutôt gourmand, avec un fruité tirant pas mal sur le raisin. Le boisé s’efface à nouveau partiellement, même s’il était moins omniprésent que pour le 2002 au nez. La touche de vanille se joignant au fruité me rappelle par moments un Cognac (peut-être est-ce aussi l’influence du fût?). Des notes épicées viennent chatouiller la langue avec un côté pimenté qui fait ressortir la sensation d’alcool par moments. La longueur est moyenne aussi, comme pour le 2002.


Conclusion

Les dégustations comparatives sont très souvent instructives et celle-ci n’a pas dérogé à la règle. Comme pour les millésimes précédents Depaz j’ai retrouve de belles différences entre les deux profils. C’est intéressant car ça permet à l’amateur de trouver une bouteille qui lui convienne mieux parmi les différents profils. Après tout, quel intérêt de produire plusieurs millésimes en même temps pour obtenir un profil linéaire. Le seul problème est que pour permettre à l’amateur de goûter avant d’acheter il faudrait que le marché soit moins tendu qu’actuellement où les achats doivent à peu près systématiquement se faire à l’aveugle sur ce genre de produits. Quoi qu’il en soit voilà deux belles bouteilles, même si ma préférence personnelle va au 2005, plus fruité et avec un meilleur rapport qualité/prix 🙂

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