Si le nom de Swell de Spirits vous est encore inconnu, c’est que vous n’êtes vraiment pas attentif au monde des spiritueux tant, en une petite année, l’embouteilleur a marqué le paysage. On vous en a déjà parlé plusieurs fois (je vous remets la liste en bas d’article), l’embouteilleur touche un peu à tous les spiritueux. Du coup on va se pencher sur 4 des derniers embouteillages, avec un Armagnac, un Calvados, un Cognac et un Rhum… de quoi plaire à tout le monde 😉
1 – #1 Flashback series – Armagnac Maouhum 1990 – 46%
On commence avec une nouvelle série d’embouteillages chez Swell, intitulée « Flashback ». Les séries sont conçues non pas sur le contenu des bouteilles mais bien sur le côté esthétique. Chaque série a son identité visuelle propre (toujours « made by » Bastien Renard) et cette fois-ci on se dirige vers notre enfance avec une étiquette inspirée du Game Boy de notre enfance. Niveau contenu on se dirige dans l’Armagnac au domaine de Maouhum pour un Bas-Armagnac 100% Baco de 1990, qui a donc passé 32 ans en fût de chêne français (évidemment, AOC Armagnac oblige), pour être ensuite embouteillé à 46%. Vous noterez le faible nombre de bouteilles qui fait que pour en trouver, il va falloir se lever tôt 🙂
Nez
Voilà un Armagnac bien charpenté! Dès le premier contact le profil est lourd, avec un mélange de fruits secs, de boisé et vieux cuir. Le pruneau se manifeste bien dans un rancio légèrement adouci par la vanille. Les notes empyreumatiques oscillent du caoutchouc au caramel très cuit, le tout arrosé de quelques notes soufrées et de poivre.
Bouche
Forcément avec un nez pareil la bouche ne respire pas la légèreté! Là aussi le profil est lourd, marqué par l’empyreumatique avec toujours ce boisé très présent, ce caramel grillé et ces raisins secs pour adoucir légèrement avec une note de vanille. C’est très chargé, trop même pour moi qui aime quand il y a du fruité et de la gourmandise. Mais il plaira aux amateurs de profils plus lourds sans aucun doute!
2 – # Wonders Series – Calvados Garnier 18 ans – 55,1%
Cap au nord pour le retour dans la série Wonders of the world, direction le Calvados avec une étiquette illustrée de la Grande Muraille de Chine. Côté contenu on est face à un Calvados de la maison Garnier, distillé en 2003 et vieilli 18 ans en chai humide. Il a été embouteillé brut de fût au titre de 55,1% à 158 exemplaires et était commercialisé sous les 70€ les 50cl.
Nez
Étonnamment (ou pas), le nez est immédiatement marqué par la pomme. Celle-ci est presque séchée, marquée par un boisé sec, presque poussiéreux. Des notes de vanille, de raisins et une pointe acidulée d’agrumes ramènent une certaine fraîcheur, accompagnée d’un petit côté végétal avec des notes d’anis.
Bouche
La continuité est de mise avec un profil cohérent, toujours marqué par cette pomme séchée et ce boisé sec. Les fruits secs et des notes de caramel apportent un peu de « gras » dans le profil pour le faire gagner légèrement en gourmandise. Bref un bon petit Calvados, facile d’accès sans n’être « qu’un alcool de pommes ».
3 – #2 Swell & Co – Cognac Grosperrin Borderies n°65 – 56,7%
On change de nouveau de famille pour revenir dans les « brandy » avec un magnifique Cognac sélectionné par Swell dans les chais Grosperrin. Nous sommes donc dans la série « Swell & Co » pour une Cognac des Borderies qui remonte à l’année 1965 à priori. Pas de millésime indiqué ici, je vous ai déjà expliqué la difficulté de tracer les très vieux millésimes dans le Cognac pour pouvoir l’indiquer, mais un n°65 sans équivoque. Peu d’informations sur l’étiquette si ce n’est qu’il a été embouteillé en 2021 (soit 56 ans au compteur du vieillissement) et de nouveau un titre « brut de fût » de 56,7%. La bonne nouvelle en ce qui concerne ce Cognac c’est que vous pouvez toujours vous l’offrir. Certes, le prix peut refroidir (près de 280€ pour 50cl) mais croyez-moi, vous ne le regretterez pas si vous aimez les Borderies 😉
Nez
Amateur de gourmandise, n’allez pas plus loin, tout ce que vous cherchez est ici. Le profil est expressif en plein et très marqué par un fruité gourmand à souhait. Le raisin s’intègre à merveille avec un boisé fin. Le tout est réhaussé de notes de fruits rouges, de fruits confits, d’amandes et de café pour un résultat dont je ne me lasserais jamais!
Bouche
Le plaisir du palais est identique à celui du nez, le profil est hyper cohérent sur la langue et on retrouve les même marqueurs. Ce boisé complètement fondu dans un fruité gourmand. Aux raisins et amandes du nez j’ajouterais la pêche mûre pour un résultat à la fois rempli de douceur et en même temps avec ce qu’il faut de caractère pour ne pas s’étouffer. Une vraie pépite!
4 – #7 Wonders Series – Rhum Barbados 2006 – 60,6%
Last but not least, revenons au Rhum et à la série « Wonders of the world » avec un rhum de la distillerie Foursquare, à la Barbade. Distillé en 2006, le rhum a vieilli en fût neuf et en fût ex-Bourbon avant d’être embouteillé en 2021, toujours « brut de fût » à 60,6%. Il a été commercialisé au tarif de 105€ mais n’est plus disponible, malheureusement victime (comme la plupart des rhums aujourd’hui) de la spéculation et des revendeurs du second marché.
Nez
Que celui qui n’a jamais goûté de Foursquare se rassure, le profil est ici typique de la distillerie. Ce coco, mêlé au boisé et à la vanille est une véritable marque de fabrique de leurs rhums. L’alcool est un rien trop présent à mon goût mais le profil s’enrichit d’un côté pâtissier avec des notes beurrées, de la cire, des amandes et du miel.
Bouche
Encore une fois (décidément) le profil est cohérent avec le ressenti olfactif. La douceur sucrée du coco boisé est là, le petit surplus d’alcool aussi. J’y retrouve tous les points du nez et la seule variation serait une pointe acidulée de bonbon arlequin. Un très joli Foursquare pour moi qui ne suit pourtant pas un grand fan de leur production habituelle.
Conclusion
Voilà encore 4 belles sélections de l’embouteilleur qui n’en cesse plus de monter. Chaque bouteille a son public et aucune n’a de gros défaut à mon sens. Le Calvados est idéal pour un premier contact, le Rhum représente bien ce que Foursquare peut faire de mieux et l’Armagnac est une vraie trouvaille, avec beaucoup de caractère. Reste le Cognac, magnifique pépite, mais qui ne pouvait en être autrement vu les personnes impliquées dans sa sélection! Je vous laisse d’ailleurs, mon verre de Borderies m’appelle 🙂
Rétrospective Swell de Spirits
Armagnac: Baraillon 1987 et 2005
Cognac: Pasquet 83
Rhum: Hampden 2011