Dégustation du soir, Spiritueux (hors rhum)

Swell de Spirits: de l’Armagnac à Bordeaux?

Swell de spirits, si vous êtes attentifs, ce nom devrait vous dire quelque chose. Cet embouteilleur indépendant, nouvellement venu sur le marché, nous en avions déjà parlé dans l’article sur les Cognacs de Petite Champagne avec le « Wonders of the world #1 ». Entre temps, après être passé par une sortie Whisky (WoW#2, dont je ne vous parlerai pas, n’étant pas amateur) et une sortie rhum (WoW #3,dont je vous parlerai, étant très amateur), le voilà qui se plonge dans l’univers de l’Armagnac, histoire d’étoffer encore un peu plus son caractère multidisciplinaire.

Cap au sud donc pour le bordelais Mickaël Barbaria, histoire de sélectionner non pas un mais bien deux Armagnacs directement dans les chais du domaine de Baraillon. Ce domaine, situé en plein Bas-Armagnac sur les fameux « sables fauves » si typiques du terroir armagnacais, est exploité depuis 1748 tout de même. Ils travaillent le classique Baco mais aussi le Colombard et bien entendu la Folle Blanche. Il produit des armagnacs millésimés tous les ans ou presque et ceux-ci sont d’ailleurs plutôt bien distribués, notamment ici en Belgique. Parmi cette vaste production, l’embouteilleur a souhaité sélectionner deux Armagnacs bien distincts. Passons à la présentation et bien sûr à la dégustation 🙂

1 – Wonders of the world #5 – Baraillon 2005 – 49,9%

Premier des deux dont nous parlons aujourd’hui, il s’agit de l’opus numéro 5 de la série. Après les Jardins de Babylone du #1, la Pyramides de Khéops du #2 et le Phare d’Alexandrie du #3, nous voici avec la Statue de Zeus en illustration. Petite mention au passage pour l’ami Bastien Renard qui est l’homme derrière le « pinceau » de ces magnifiques illustrations. Mais revenons au contenu puisqu’ici nous sommes face à un Armagnac dans sa jeunesse puisqu’il date de 2005. Distillé à base de Folle Blanche exclusivement, il a passé près de 16 ans en fût. Bien entendu, comme tout Armagnac AOC qui se respecte, il a vieilli en fut de chêne gascon, avant d’être mis en bouteille (brut de fût) au degré de 49,9%. Celles-ci, d’une contenance de 50cl sont commercialisées au tarif de 62€ pour seulement 100 exemplaires.

Nez

De ce que je connais des Armagnacs Baraillon, ils sont toujours bien marqués par le bois. Et celui-ci ne déroge pas à la règle. Le boisé est bien présent et domine clairement le profil. Il s’accompagne d’un rancio de fruits confits (pruneau notamment) et de raisins secs. Le tout est agrémenté d’épices plutôt sèches (de la muscade?), de fruits à coques et d’un caramel bien grillé. On n’est pas ici sur un profil frais, tout au plus on décèlera une note végétale par moments, mais plutôt sur un profil lourd, presque étonnant vu son jeune âge.

Bouche

La continuité est de mise une fois l’armagnac en bouche. Le boisé est toujours aussi présent, les fruits confits sont là aussi mais en retrait par rapport au nez, laissant une place plus grande au côté empyreumatique (caramel grillé notamment). Le profil est aussi lourd que ressenti au nez et est trop boisé pour moi. L’amateur d’Armagnac boisé y trouvera son compte en revanche.


2 – Wonders of the world #4 – Baraillon 1987 – 43%

Deuxième Armagnac du jour, c’est le Colosse de Rhodes qui illustre l’étiquette de ce « Wonders of the world » #4. Nous sommes cette fois face à un Armagnac à l’âge bien plus vénérable puisque celui-ci date de 1987. Pas d’indication de cépage pour celui-ci mais de nouveau un vieillissement en fût de chêne gascon pendant près de 34 ans. La mise en bouteille, de nouveau brut de fût, a révélé une eau-de-vie au titre alcoolique de 43%. Les 150 exemplaires de 50cl sont mis en vente au tarif de 63€.

Nez

Le profil est plus typique « armagnacais ». Le boisé s’équilibre harmonieusement avec les fruits, confits ou en sirop. J’y retrouve du pruneau, de la prune et du raisin. Quelques notes de fraîcheur pointent le bout du nez, accompagnées de notes discrètes d’épices (de nouveau cette muscade?). Des notes plus denses font leur apparition aussi, avec du cuir et du tabac, lesquels s’épanouissent avec l’ouverture pour prendre plus d’ampleur au fil du temps. Quelques touches empyreumatique viennent compléter l’ensemble, principalement sur le fumé.

Bouche

La première bouche fait nettement ressortir le raisin, comme pour rappeler la base du produit. Vient ensuite un boisé aussi équilibré qu’au nez, c’est à dire présent mais pas écrasant, presque en finesse. Le profil est cohérent avec le ressenti olfactif, j’ajouterais juste un peu plus de fruité et de fraîcheur en bouche, venant balancer le boisé efficacement. La persistance est plutôt longue en bouche même si l’intensité baisse assez rapidement sans toutefois aller jusqu’à disparaître.

Conclusion

Swell de Spirits s’essaie donc à l’Armagnac avec une maison reconnue. Baraillon n’est pas un domaine débutant et on sent la maîtrise du savoir faire dans leurs eaux-de-vie. On a ici deux bouteilles qui pour moi ne seront pas destinées aux même personnes. Le 1987 d’abord est selon moi destiné idéalement à quelqu’un qui voudrait s’essayer à l’Armagnac avec un profil typique et à la fois accessible. Il est à la fois complexe et facile à découvrir et propose une belle porte d’entrée. Le 2005 a nettement plus de caractère et demandera plus d’expérience pour être apprivoisé. Il faut en outre ne pas reculer devant un profil fortement boisé. Je n’y retrouve pas la fraîcheur de la Folle Blanche que j’aime tant mais il n’est pour autant pas dénué de qualités et devrait combler l’amateur de boisé 🙂

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