Dégustation du soir, Jamaïque

Hampden & Velier 2019: HLCF/DOK 2010

Nous nous retrouvons pour la troisième étape de notre série de 6. Après un arrêt plus que mitigé à Berlin et un autre bien plus satisfaisant du côté de Spa, direction Londres pour la bouteille sans doute la plus attendue de la série, ou en tout cas celle qui aura le plus fait baver les amateurs. Contrairement aux autres bouteilles, celle-ci n’a pas été mise en vente sur le salon mais est sortie par après, étant seulement présentée à Londres. Et c’est après quelques apparitions de l’un ou l’autre exemplaire chez des privilégiés (comme Ma Part Des Anges par exemple, qui a pu en proposer un exemplaire lors d’une de ses ventes) qu’elle est enfin apparue furtivement sur les réseaux de vente. Inutile donc de dire que c’est parti en un quart de seconde et qu’une demi-seconde plus tard c’était déjà en vente au double du prix sur eBay… merci Velier!

Toujours est-il que la bouteille est toujours issue d’un seul fût mais qui a contenu un assemblage de deux « marks » Hampden. D’un côte ni plus ni moins que le plus chargé des marks: DOK. Celui-ci correspondant à la fourchette 1500-1600 g/hlpa, 1600 constituant le plafond légal jamaïcain. De l’autre un mark plus « léger » mais tout de même pas mal chargé puisque HLCF correspond à un taux de 500-700 g/hlpa. Pas vraiment de quoi adoucir donc la bête, le tout ayant été embouteillé après 9 ans en fût (puisque le distillat date de 2010) et au titre de 61% (brut de fût). Voilà donc qui augure d’une dégustation pour le moins mouvementée ! Je remercie d’ailleurs encore le généreux donateur du sample qui me permet de vous présenter cette note aujourd’hui 😉

Photo: Michaël Muller

Dégustation

Nez

Aucun doute possible: une fois servi ça embaume dans toute la pièce, c’est bien du bon gros Hampden! C’est très expressif et le profil colle parfaitement aux attentes. Ce mélange de solvant, d’ananas et de brioche si typique de la distillerie est bien là. Un vrai délice habituel auquel vient s’ajouter la vanille, pas toujours hyper marquée sur les gros jamïcains mais bien présente ici. Passé ces arômes principaux on va retrouver, selon le temps et l’aération, des notes qui vont aller et venir. J’y ai retrouvé des notes de menthol par moments, mais aussi un profil fruité avec de la pêche et de l’abricot. L’impression générale est une gourmandise plutôt sucrée, mais pas une gourmandise à mettre entre toutes les mains, l’alcool peut par moment se faire sentir. Le côté pâtissier ressort avec de la brioche beurée et de l’amande. Par moments une pointe de tabac frais fait son apparition. Bref, un nez parfaitement cohérent !

Bouche

Évidemment une fois sur le palais une telle explosion d’arômes fait forcément une impression chaude. Il faut quelques secondes pour réussir à passer outre l’avalanche d’informations gustatives. Avant tout le profil est très marqué par l’ananas mûr. Mais une fois que cet ananas commence à s’estomper c’est l’olive noire qui prend le relais, apportant son amertume au passage. Cette olive va durer dans la longueur, rendant une impression de fruité bien moindre que celle attendue au nez. Néanmoins le côté pâtissier, plus discret qu’au nez lui aussi, s’accompagne d’une acidité typiquement jamaïcaine pour nous rassurer un peu. Le boisé se fait plus présent aussi mais sans ses habituelles traces de vanille. Je qualifierais la longueur de l’ensemble comme moyenne, dans le sens où ça ne s’éteint évidemment pas tout de suite mais la bouche n’est pas non plus marquée pendant de longues minutes. C’est étonnant vu la charge aromatique du nez mais le constat est bien là: une trentaine de secondes sur le palais à peu près.

Conclusion

Voilà donc la bouteille de la série qui a cristallisé le plus d’attentes. Il a été parmi les plus compliquées à trouver, a vu son prix exploser malgré le nombre disponibles au second marché et présente surtout la fiche technique la plus envieuse sur papier. Mais la réalité du papier n’est pas toujours celle du verre et de fait, autant ce rhum a tout pour plaire à un amateur de gros Hampden, autant il est nettement surcoté actuellement. Nous sommes face à un très bon rhum, expressif, abouti et plaisant. Mais sur le marché secondaire il tourne en moyenne à 400€ à l’heure actuelle (comme pas mal des bouteilles de la série). Or il faut garder en tête que la distillerie tourne toujours. Pas question d’un effet Caroni ici, ou même d’un effet Demerara/Velier. La production est plus que bien portante et même si cette bouteille a été présentée comme issue du seul fût avec cet assemblage dans le chai Hampden, nul doute que d’autres fûts vont accueillir ce même assemblage. Ma conclusion serait donc que si vous avez eu la chance d’en avoir une à un prix correct, c’est à dire aux alentours du prix de sortie, bravo, vous en avez pour votre argent et vous allez vous régaler. Si par contre vous envisagez de craquer et de payer le prix fort actuel dans le but de la boire, réfléchissez-y à deux fois.

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