Dégustation du soir, Guadeloupe

Bielle 2005-2015

Il y a des distilleries qui ont une gamme claire. Le positionnement de chaque bouteille y est savamment étudié, réfléchi, les assemblages sont réalisés en fonction du prix de vente souhaité et lorsque des rhums exceptionnels sont sélectionnés, la filiation avec le reste de la gamme est clair. Et puis il y a Bielle…
Si je devais faire une métaphore sur la gamme de Bielle, je ne pourrais que parler d’un labyrinthe, parmi lequel le client ère, et dans lequel il tombe tantôt sur une série d’embouteillages, tantôt sur une autre. Certaines séries sont embouteillées sous le nom de Bielle quand d’autres le sont sous le nom des Rhums vieux de Marie-Galante. Et bien sûr les prix partent dans tous les sens (enfin, surtout vers le haut).

Merci J-P pour les photos 🙂

Bref, je ne vais pas essayer de vous expliquer où vient se situer la bouteille du jour, ce serait peine perdue. On va donc se concentrer sur le rhum et rien que sur lui.
Nous sommes aujourd’hui face à un rhum distillé en 2005 et qui a passé 10 ans en fût. Sorti du fût #135 en 2015, il a été embouteillé brut de fût au titre de 54,5%. Ne me demandez pas ce que le rhum a fait entre sa sortie de fût et son embouteillage, car même si on peut supposer qu’il est resté en foudre à patienter, la vraie question est pourquoi? Mais c’est du Bielle et je n’essaye plus de comprendre…
Une dernière chose, le prix: cette bouteille est actuellement à un prix qui varie autour de 300€…

Dégustation

Nez

Assez expressif rapidement, on est sur un nez complexe mais cohérent. La trame principale est boisée, d’un boisé ciré, plutôt riche et gras. Les notes de cirage, de cuir et de tabac sont bien présentes. C’est donc assez « lourd » avec même par moments des effluves d’hydrocarbures et des touches de fumée.
À côté de ça on va retrouver des notes plus classiques de fruits (raisin, coing, poire) et de caramel épicé qui vont nous ramener vers le rhum agricole. La somme des deux me fait penser à ces vieux Cognacs bien boisés.

Bouche

La cohérence est de mise entre les profils olfactif et gustatif. Le bois ciré est toujours présent et même renforcé, avec un peu de vanille et du fruit vert, pas très mûr. C’est très chargé côté empyreumatique, comme ressenti au nez.
Des notes de raisin, de pêche et de cannelle parviennent à se frayer un chemin mais la longueur est également bien boisée et marque le palais longuement.
Le boisé laisse une certaine amertume qui personnellement me dérange à la dégustation.

Conclusion

Si je devais résumer ma dégustation, vous l’aurez compris, c’est le boisé qui reviendrait immédiatement. Heureusement ce n’est pas un boisé sec et désagréable qui ferait de ce Bielle un jus de bois mais plutôt un boisé riche, marqué et complexe. Le nez est très intéressant et prend l’ascendant sur la bouche qui me déçoit un peu.
Dans tous les cas une fois la dégustation faite, il faut se poser la question du rapport qualité/prix. Et là aucun doute, même si c’est bien fait, difficile de justifier le prix mais comme toujours c’est une question de point de vue et le passionné acceptera sans doute de payer les 300€ que l’amateur ne voudra pas mettre. Comme le dit le dicton: chacun voit midi à sa porte 😉

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