Les plus attentifs se souviendront qu’à la fin de mon article sur la première sortie de Grape of the Art je parlais d’une deuxième bouteille qui arriverait rapidement. Et bien nous y voilà! Second embouteillage de l’embouteilleur allemand donc, toujours un Armagnac mais on change de terroir cette fois-ci. Exit le Bas-Armagnac, cap à l’est vers la Ténarèze chez Séailles (oui, on dit LA Ténarèze 😉 ). Mais comme les bonnes nouvelles ne viennent pas toujours seules, surprise du chef et hop, un petit rhum se glisse dans le panier, sorti tout droit de Sainte-Lucie! Bref, suivez le guide, c’est par ici!
1 – Séailles 2000 – 54%
Premier arrêt donc, on reste dans l’Armagnac mais après un premier Bas-Armagnac direction la Ténarèze, l’autre grande région de l’Armagnac (oui je sais, il y a aussi le Haut-Armagnac mais la production est minime). Pour ce qui est de comprendre les différences entre les terroirs, je vous renvoie vers le site Armagnac.fr qui est très bien fait et vous expliquera ça mieux que moi.

Direction donc le Domaine Séailles , une découverte en ce qui me concerne. Le domaine travaille l’Ugni Blanc sur un sol argilo-calcaire typique de région. Le domaine est labellisé Bio depuis 2002 mais nous sommes ici face à un Armagnac distillé en 2000, donc en phase de conversion/labellisation. Celui-ci a passé 20 ans au domaine avant d’être embouteillé à 195 exemplaires. Inutile de chercher, l’entièreté du stock s’est écoulée en 21 minutes… Dommage mais le rhum nous a habitué à ce genre de situations que l’on commence à retrouver ailleurs 😦
Nez
Hmm que ce nez est enjôleur! Dès le début il nous offre un beau fruité, tout en gourmandise, qui se mêle à un boisé ciré présent « juste ce qu’il faut ». Côté fruits c’est un véritable panier garni, ça va de la prune mûre à la pointe d’ananas en passant par de beaux fruits rouges (fraise en tête) et une poire en pleine maturité. Le tout, réhaussé par de jolies notes de chocolat, apporte une belle sucrosité sur un nez très (très) séduisant!
Bouche
Le boisé passe devant dès la première gorgée. Fini le panier garni de fruits, on est plus sur des arômes « classiques » de l’Armagnac avec des notes cirées, empyreumatiques et toastées. Le caramel grillé et la vanille viennent enrober le fruité qui est plus tournée vers le raisin sec, même si les fruits rouges se montrent encore timidement. Des notes de rancio sont présente également pour une bouche certes décevante (après le nez) pour l’amateur de fruits que je suis mais tout de même très agréable et plutôt équilibrée.
2 – Chairman’s Reserve 2005 – 61,5%
Deuxième bouteille du jour, on change complètement pour partir de l’autre côté de l’océan Atlantique. Direction Sainte-Lucie donc, pour un rhum embouteillé en partenariat entre Grape of the Art et RumX, l’application dont je vous parle à la fin de chacun de mes articles. Ici le partenariat était évident puisque derrière les deux projets on retrouve (entre autres) une seule et même personne, Oliver Gerhardt. Nous voilà donc face à un rhum Chairman’s Reserve (une seule distillerie sur l’île donc forcément), distillé en 2005 (et c’est là que ça devient intéressant) sur les Pot Stills John Dore et Vendôme. Les distillats ont été assemblés 50/50 pour obtenir un rhum 100% Pot Still. Celui-ci a séjourné 15 ans sous les tropiques, en fût ex-Bourbon, avant de nous parvenir brut de fût à 61,5%. La rareté des 100% Pot Still, combinée au tarif raisonnable de 110€, pourrait faire de cette bouteille un must de ce début d’année!

Nez
Immédiatement il exprime ce que l’on peut attendre de lui, à savoir un profil bien chargé, lourd, très typé avec une bonne dose de solvants. Il révèle aussi une belle sucrosité, assez présente, qui adoucit l’ensemble avec un bel ananas très gourmand, en pleine maturité. La troisième facette principale mêle l’olive à une salinité certaine. Au second plan je retrouve une note de fraîcheur, mêlée à une pointe de citron et d’agrumes en général, ainsi que quelques notes florales. Pour la complexité des notes de cuir et de réglisse viennent compléter un profil que l’on pourrait assimiler à un Hampden mais sans qu’on n’y soit vraiment. C’est très intéressant en tout cas.
Bouche
Archi-présents au nez, forcément les solvants restent marqués en bouche. Le profil est tout aussi teinté d’une belle sucrosité pour balancer ceux-ci dans un équilibre sur l’ananas toujours. Le boisé se remarque un peu plus mais reste assez discret, le côté salin du nez ressort lui aussi en bouche, accompagné d’un menthol et d’une pointe d’hydrocarbures légers. Le profil est en effet lourd mais assez gourmand grâce toujours à cette sucrosité. La longueur en bouche est bien entendue marquée par les solvants, sans que ça soit trop. Vraiment un beau rhum.
Conclusion
On dit souvent que le plus dur est de confirmer et après un premier embouteillage plutôt réussi, Grape of the Art nous revient avec deux belles bouteilles, nettement au-dessus du premier opus sorti. On peut donc dire que le pari est réussi! L’armagnac est hyper gourmand, dommage qu’il soit déjà soldout (même moi je n’ai pas pu en avoir un…). Le rhum quand a lui pourrait passer légèrement sous les radars, bouteille Chairman’s oblige, mais ce serait une erreur de ne pas s’y pencher si on aime les rhums très typés. Sa sucrosité lui apporte une facilité d’accès qui devrait permettre de plaire à pas mal d’amateurs de rhum! Me voilà donc déjà impatient de voir les prochains embouteillages et en attendant je vous invite à visiter la nouvelle version de l’application RumX. Plus complète, elle permet bien plus d’interactions qu’avant entre les utilisateurs notamment!

Retrouvez évidemment le Chairman’s Reserve sur l’application RumX