Martinique, Saison 5: 2020-2021, Soirées Amis des Amis du Rhum

S5 E5: J.Bally

Dernier rendez-vous d’une saison plus que perturbée par la pandémie, nous nous retrouvons en cette fin de mois de novembre pour retourner là où la saison a commencé il y a plus d’un an: en Martinique! Même île mais distillerie différente (évidemment), nous nous penchons cette fois sur une des plus anciennes marques de l’île, J.Bally.

Son histoire débute vraiment en 1917 quand Jacques Bally rachète le domaine fondé il y a bien plus longtemps par le baron de Lajus. Dès le début ou presque il lance le vieillissement de ses rhums, chose plutôt rare à l’époque. Il va aussi monter lui-même sa colonne et inventer la bouteille pyramidale à base triangulaire si caractéristique (et casse-tête pour le rangement) ainsi que la bouteille carrée plus « classique » mais néanmoins unique. Les années passant, la colonne a fini par déménager au cours des rachats de la distillerie pour finir par ne plus servir au profit d’une distillation qui a aujourd’hui lieu chez Saint James, même si les réglages sont toujours uniques à la marque.

C’est donc au cours de cette dernière soirée de la saison que nous avons dégusté, Cédric L, François, Michaël, Thomas et moi tous ces rhums qui ont succédé au mythique Bally 1929. À noter que pour célébrer la soirée nous avons également ouvert une belle ancêtre de la distillerie, mais ça nous en parlerons dans un autre article 😉

1 – Rhum Blanc Bally – 55%

À la base de tout rhum vieux il y a une base inévitable: le rhum blanc. Nous commençons donc comme d’habitude par le blanc de chez Bally. Ici pas de blanc « premium » ou autre « haut de gamme », non seulement les blancs « classiques ». Pas de souci, nous voilà partis pour déguster la version 55% (en bouteille d’un litre s’il vous plait).

Nez

Pas de surprise, on est sur un agricole classique avec de la canne fraîche, quelques fruits (fruit de la passion), des notes de foin, d’épices et une pointe minérale. Bref rien de surprenant ni d’extravagant.

Bouche

De nouveau la canne fraîche mais largement saupoudrée d’épices, de la muscade au curry en passant par le clou de girofle. Une nette note de foin est présente aussi, le tout sur fond d’une pointe de muscovado, d’un alcool moyennement intégré et de notes de fruits de la passion. Bref, « pas fou », pour résumer 🙂


2 – Bally 7 ans – 45%

En début de gamme chez Bally on ne peut pas reprocher un manque de choix. Du VO au XO, en passant par un 3 ans, un 7 ans, un 12 ans et j’en oublie certainement, tous sont disponibles sous les 70€. Face à cet embarras du choix nous commençons par le « petit » 7 ans. Rappelons quand même que 7 ans c’est un XO (ou Hors d’âge) et que certains vendent bien plus cher des rhums bien plus jeunes…

Nez

Le nez est facile à aborder, il est rond, doux, presque sucré. Le boisé est présent mais discret, enrobé de notes beurrées, sur le toffee, le cacao et la vanille. Les fruits sont confits avec de l’abricot et de l’orange, relevés par une touche de poivre et de tabac.

Bouche

En bouche pas de surprise, le rhum est suave, presque gourmand, bref facile à boire. Le boisé est présent mais intégré, il est recouvert de fruits secs (noix et amande notamment), d’un fruité léger et de notes de sucre cuit qui arrondissent nettement le profil. Malgré son manque de longueur il apparait comme un bon rapport qualité/prix.


3 – Bally 12 ans – 45%

Continuons dans cette « entrée de gamme » avec une fiche technique assez rare: un rhum AOC, de minimum 12 ans, vendu dans une bouteille esthétique sous les 70€. Ai-je besoin d’en dire plus? Faut-il vraiment que je vous cite les autres 12 ans et plus de l’île et leurs tarifs? Bref, passons à la dégustation 😉

Nez

De nouveau le boisé est la colonne vertébrale du profil. Un boisé plutôt sec, même si des notes de cire et de cuir viennent l’enrichir. Les fruits sont un peu plus présents avec des groseilles, de la cerise et de l’abricot. Une note de menthol vient ponctuer un profil finalement plutôt rond.

Bouche

Là aussi le boisé est plus marqué que sur le 7 ans. Les notes sont plutôt lourdes avec du cuir, de la boîte à cigares, du tabac, du chocolat et un côté vineux rappelant un vieux Cognac à Cédric L. Côté fruits on a de l’orange, plutôt confite, mais plus le fruit rouge du nez étonnamment. La longueur est correcte, plus marquée que sur le 7 ans.


4 – Bally 2005 – 43%

Passons maintenant à la gamme millésimée de la marque. Traditionnellement celle-ci est présentée dans l’autre bouteille Bally, à savoir la bouteille carrée. La gamme est réduite à 43% aussi ne présente aucune information supplémentaire que le millésime (2005 ici), qui nous indique donc un rhum de minimum 6 ans (AOC oblige). Les informations récupérées ailleurs rapportent un rhum vieilli plus de 10 ans en fût. Reste son prix, cette bouteille se trouve facilement sous les 70€.

Nez

Le profil est déjà plus marqué par le fruit, principalement à chair blanche, avec de la pêche de vigne, de la pomme et du litchi. L’orange vient compléter le tableau mais plutôt sur l’orangette, accompagnée de chocolat donc. Le boisé est discret et laisse la place à un coté plus gourmand, teinté de caramel.

Bouche

Après un nez très fruité la bouche déçoit par sa sagesse. Elle offre un boisé discret et des notes de fruits qui le sont toutes autant. Quelques notes pâtissières, de café et de bois humide essayent de donner à l’ensemble une profondeur mais en vain, le rhum est au final assez court et déçoit pas mal de monde.

5 – Cuvée Art Déco #1 – 42%

Retour à la bouteille pyramidale pour cette cuvée « Art Déco » qui rend hommage au fondateur, Jacques Bally, et à son époque qui a été l’âge de cette mouvance artistique majeure du 20e siècle. La bouteille est très belle et un second batch est sorti en cette année 2021 avec une esthétique encore plus réussie à mon goût. Toujours est-il que ce premier batch est un assemblage de 3 millésimes: 2007, 2003 et 1998. Ceux-ci ont vieilli respectivement 12, 15 et 18 ans en fût de chêne américain pour le plus jeune, de chêne français pour les deux autres. 3000 bouteilles de cette cuvée sont sorties à un tarif de 129€, d’ailleurs largement encore trouvable à l’heure actuelle.

Nez

Cette fois-ci les épices se taillent la part du lion avec un profil très marqué. La conjugaison de celles-ci et des fruits à chair jaune (orange, citron, pêche) forme un profil assez chaud et gourmand. Le boisé est plutôt sec et intégré, avec des notes de cuir, de fumée, de tabac et de cacao.

Bouche

Sur le palais le boisé est léger et intégré dans les épices, la vanille et des notes de cuir. Assez peu de fruits si ce n’est de l’orange qui se mêle aux notes pâtissières pour un ensemble plutôt flatteur même si le manque de puissance se fait ressentir pour certains d’entre-nous. La longueur est dans la même trame, trop courte pour certaines, suffisante pour d’autres selon le ressenti vis à vis de la puissance.

6 – Bally 2000 Brut de fût – 58,1%

Après cette belle cuvée spéciale retour aux millésimes mais cette fois en version musclée, autrement dit en « brut de fût ». Premier des deux: un rhum distillé en 2000, ayant passé plus de 17 ans en fût et embouteillé à 58,1%. De quoi faire un beau grand écart avec les bouteilles précédentes de ce line-up. Sorti en 2018, ce rhum est encore trouvable sous les 200€ malgré quelques opportunités légendaires à prix réduit 🙂

Nez

Immédiatement on sent qu’on a un profil plus complexe, plus élaboré. La structure est bien plus présente et même si c’est assez difficile à retranscrire, les sens ne se trompent pas. Le boisé est présent mais juste ce qu’il faut, et intégré à toute une série de marqueurs, des fruits secs torréfiés (noisette, cajou, amande) aux épices en passant des notes telles que le cuir, le chocolat, le café, le tabac et le caramel au beurre. Le fruité est léger, plutôt sur les fruits verts et les agrumes (pamplemousse, orange sanguine), et rencontrent quelques notes vineuses en chemin.

Bouche

La bouche est cohérente même si on ressent plus de puissance qu’au nez. Le boisé est de nouveau intégré, on y retrouve également le caramel, la noisette grillée, le chocolat, le café, le cuir et l’amande du nez. Viennent s’ajouter à ça une attaque sur la cerise (pour Cédric L), un peu de cire et un côté torréfié plus présent. La longueur fait ressortir des notes empyreumatiques et une pointe de menthol pour un rhum vraiment complexe et évolutif.


7 – Bally 2006 Brut de fût – 57,5%

Dernier rhum de la soirée, on passe à la dernière sortie en date de la distillerie. On continue dans la foulée du précédent avec un millésime « brut de fût » sorti à l’automne 2021. Distillé en 2006, il a passé 15 ans en fût de chêne français avant d’être embouteillé à 798 exemplaires et d’être commercialisé à 179€.

Nez

Celui-ci est également puissant et complexe mais la différence se marque avec un rhum plus lourd. Les notes chaudes se multiplient avec du caramel (grillé), du tabac brun, du cuir, du bois brûlé, du café torréfié et des notes de solvant. Rayon fruits on va retrouver de l’orange, de la pêche, de l’ananas et de l’abricot mais le tout dans un environnement nettement vineux qui rappelle un brandy.

Bouche

Encore une cohérence parfaite nez/bouche puisque le profil est forcément lourd sur le palais également. C’est intense et charpenté, avec encore du cuir, du tabac, du caramel, du café, de la fumée mais également des épices comme la vanille et le clou de girofle. Les fruits (pomme, orange, cerise amarena) sont en retrait (même si Cédric L y trouve un air de « forêt noire » à cause de la cerise et du chocolat). Le rhum est complexe et demande une longue ouverture pour s’exprimer et se révéler.

Conclusion

Voilà qui conclut cette découverte des rhums J.Bally. L’aventure au fil de la gamme au complet aura été très instructive, elle aura aussi révélé à pas mal de monde la cuvée Art Déco comme une belle réussite, tant esthétique que gustative. Les bruts de fût ont bien entendu plu notamment de par leur complexité, notamment le 2000. Le début du line-up aura plus servi de base de lancement même si le blanc est un bon rapport qualité/prix en ti-punch. C’est sur cette belle découverte que se clôture cette saison. On espère tous que la prochaine sera moins perturbée et si tout va bien on se retrouve mi-janvier pour un voyage en terre jamaïcaine 🙂

Retrouvez ces rhums sur l’application RumX: Bally blanc 55%, Bally 7 ans, Bally 12 ans, Bally 2005, Bally Art Déco #1, Bally 2000 bdf et Bally 2006 bdf

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