Dégustation du soir, Réunion

RomdeLuxe Réunion

En général, lorsque l’on parle de rhum danois, on pense de prime abord à 1423 World Class Spirits et sa gamme S.B.S. Mais à côté il y a un autre embouteilleur qui se fait petit à petit une place sur l’échiquier mondial du rhum, c’est Romdeluxe. Cette marque, créée en 2016, s’est surtout fait connaître avec ses embouteillages « Wild Series », reprenant chacun un animal sauvage en blanc sur fond noir.

Cette fois-ci il sera bien question d’un animal pour illustrer les bouteilles du jour mais nous ne sommes pas dans la « Wild Serie ». Les deux bouteilles dont nous allons parler sont sorties, un peu par surprise, dans le courant du mois de janvier 2022. Il s’agit de deux bouteilles d’une autre série (Collectors Series) estampillées « Réunion » et de la mention d’âge « 8 ans ». C’est du côté de la contre-étiquette que l’on trouvera plus d’informations, dont le fait que la distillerie soit secrète et qu’il s’agisse de « Grand Arôme ». Cette dernière information rendant complètement ridicule le secret de l’information précédente, puisque la combinaison de la Réunion et du Grand Arôme nous indique qu’il s’agit de rhum de chez Savanna.

On apprend aussi sur cette contre-étiquette que le rhum a vieilli sur le continent en fût ex-vin rouge. En l’absence d’autres indications de vieillissement on supposera donc que les 8 ans se sont déroulés dans ces fûts, de quoi donner un profil plus que particulier! Et si depuis le début je vous parle de deux bouteilles c’est qu’il y a eu deux fûts, embouteillés séparément: le fût numéro 8 (à 55,6%) et le fût numéro 9 (à 55,4%). Passons maintenant à la dégustation histoire de voir l’influence du vin et les différences entre les deux fûts!

1 – fût #9 – 55,4%

Nez

Premier contact et surprise, s’il n’était pas présenté comme un Grand Arôme je n’aurais jamais parié quoi que ce soit dessus. On est face à un profil complètement « traditionnel ». La tendance tend plutôt vers un boisé à la fois sec et épicé. Il a un certain côté vineux, notamment pas une présence de raisins secs, mais ce sont les épices qui surnagent. J’y retrouve un caramel aromatisé à la réglisse, à la muscade et au poivre.

Bouche

La filiation entre nez et bouche est une évidence, le profil est totalement cohérent avec ce boisé sec et épicé. Toujours pas de traces du profil Grand Arôme mais une influence du vin rouge assez nette. Il en résulte un profil assez peu gourmand mais qui reste assez longtemps sur le palais.

2 – fût #8 – 55,6%

Nez

Ici le profil est déjà plus gourmand. Le marqueur principal reste le boisé mais il est ici plus riche, moins sec. Il a un côté cire et miel indéniable pour venir arrondir les angles. Le vin est toujours présent, mais côté épices on retrouve plus la vanille et une note de fève Tonka, ce qui rend l’ensemble plus facile à appréhender.

Bouche

Sur le palais il n’y a ici non plus pas de trace du Grand Arôme, c’est décidément décevant de ce point de vue. Comme pour le nez, le profil est un peu plus gourmand avec un boisé qui gagne même en « lourdeur » par rapport au nez. Le vin rouge est de nouveau bien présent, décidément ces fûts ont beaucoup travaillé. Le rancio, à base de raisin secs, se marie au côté caramel grillé pour nous laisser une belle longueur en bouche au final.

Conclusion

Pour pouvoir donner un avis sur ces rhums, il faut prendre une double clé de lecture. D’un côté il faut prendre en compte le fait qu’il s’agisse apparemment de rhum Grand Arôme. Dans ce cas impossible de ne pas être déçu. Aucune note typique de ces rhums que je connais plus que bien, pas de fruits exotiques ni d’olives, ni de côté archi-pâtissier. C’est déstabilisant et je n’avais jamais vu de Grand Arôme aussi assagi. J’en suis même à me demander si ce n’est pas une erreur sur l’étiquette.

De l’autre côté, si on fait abstraction de cette information, ces deux rhums sont intéressants, principalement de par leur vieillissement intégral en fût de vin rouge. Celui-ci a fortement influencé les profils et il se retrouve nettement tant au nez qu’en bouche. Néanmoins on est loin de certains « finish » qui sont très marqués par un fût qui n’était pas vide. Ici on sent que cette influence est au cœur même du rhum, qu’il a été chercher les arômes au cœur du bois. De ce point de vue là c’est très instructif et si je ne devais choisir qu’un seul des deux fûts, je prendrais le fût #8, celui à 55,6%, qui a cette gourmandise qui fait défaut à l’autre, de mon point de vue.

Retrouvez ces rhums sur l’application Rum X par ici

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