Souvenez-vous, à l’aube de l’automne passé Savanna nous sortais, au cœur de sa série Wild Island, une toute nouvelle finition « Armagnac ». C’était là le premier résultat d’un partenariat avec la maison Darroze, mais bien évidemment loin d’être le dernier. Et voilà qu’en ce printemps 2021 la distillerie nous lance une nouvelle série de 4 bouteilles dont 2 sont également passées dans ces fûts ex-Armagnac. Ces bouteilles font partie de la série Métissage, série qui mets à l’honneur les différentes populations qui, ensemble, ont fait de la Réunion ce qu’elle est aujourd’hui. Penchons-nous, Thomas et moi, sur ces bouteilles et, bien entendu, comparons-les avec celle sortie en 2020 😉
1 – Fort Dauphin
Commençons avec le plus « abordable » des deux, Fort Dauphin. Tôlanaro, c’est sous ce nom que la ville existe aujourd’hui à Madagascar. Autrefois Fort-Dauphin, elle fût le premier endroit colonisé par l’homme sur l’île au 17e siècle. Aujourd’hui Madagascar et La Réunion sont intimement liées par cette population malgache qui a tant influencé les îles voisines. Côté rhum, Fort Dauphin c’est un rhum « traditionnel » (industriel plus exactement), distillé en 2003 et qui a vieilli en fût de Cognac, avant de terminer sa vie sous bois par un affinage en fût d’Armagnac de chez Darroze. Il a été réduit à 44,8% avant embouteillage des 834 cols.

Nez
Le profil est plutôt de style « boisé-épicé », avec un boisé sec et intégré, relevé d’une belle poignée d’épices. Il y a de la vanille, bien présente, de la cannelle, un peu de poivre, des notes de fève Tonka et de la réglisse. Rayon fruits je les trouve plutôt sec et/confits, avec un côté rancio, alors que Thomas les trouve plutôt mûrs avec de la mangue, de la papaye et un peu de pamplemousse. À mesure que le rhum s’ouvre la réglisse prend plus de place pour venir accompagner des notes fumées, de l’amande et des notes de foin dans un ensemble plutôt gourmand.
Bouche
La première gorgée confirme le nez, c’est à la fois boisé et épicé. On y retrouve, pêle-mêle, de la cannelle, du menthol, de l’anis, de la réglisse et de la muscade. À côté il y a du raisin, nettement présent, les fruits exotiques du nez (pour Thomas toujours) et une rondeur, entre le pain grillé, le rancio et les notes de fumée. La finale est marquée par le bois et le finish, avec un côté vineux et une légère amertume boisée. C’est dans tous les cas doux et facile à boire, idéal pour un palais fin.
2 – Maputo – 64,2%
Deuxième arrêt, on prend les mêmes et on recommence, enfin presque 🙂 On reste sur un rhum de mélasse, toujours distillé en 2003 et toujours vieilli en fût ex-Cognac avant une finition en fût ex-Armagnac Darroze. Jusque là, 100% identique, sauf que là où le Fort Dauphin a été réduit à 44,8%, Maputo n’a perdu que quelques degrés pour redescendre à 64,2%. Autant dire que même si ce n’est pas à proprement parler un « brut de fût », on en est quand même très proche 😉 Mais alors me direz-vous, pourquoi « Maputo »? Simplement en référence à l’influence venue du Mozambique (dont Maputo est la capitale), influence évidemment liée à la géographie puisque ce pays est bordé tout le long de ses côtes par Madagascar et donc indirectement par La Réunion aussi. Dernière information sur le rhum, il a été embouteillé à 822 exemplaires donc il devrait y en avoir pour tout le monde ou presque…

Nez
Pas de doute, les 20% de différence avec le Fort Dauphin se ressentent. Il a besoin de bien plus de temps pour s’ouvrir sous peine d’y trouver un alcool très vif. Une fois ouvert le profil boisé est bien marqué par les fruits secs et les épices là aussi. Le raisin sec est rejoint par la fève Tonka, le pain d’épices, le cacao, la noix et un côté nettement herbacé. Plus le temps passe plus il se marque de rondeur avec un rancio qui se développe, accompagné de notes de cerise confite et de réglisse.
Bouche
Aussi vif que le nez au début, il fini par évoluer et se développer. Le boisé est net dans un rhum intense et concentré. Les fruits sont très discrets et oscillent entre raisin sec et rancio vineux. Les épices (piment, anis) accompagnent les notes torréfiées (café, cacao). Avec le temps la bouche devient plus sèche, avec une longueur marquée par le bois.
3 – Comparaison avec « La Plage »
Impossible de goûter ces deux nouvelles sorties sans penser à la première sortie en finish Armagnac, j’ai nommé le Wild Island « Plage ». Pour rappel il s’agissait là aussi d’un rhum de 2003, et il avait été embouteillé à 52,7%, soit pile entre les deux rhums qui nous occupent aujourd’hui! Le comparatif est donc juste une évidence et on ne pourrait pas terminer cet article sans les mettre en face à face!

Au nez la filiation entre les 3 ne fait aucun doute. La version « Plage » est plus compotée et médicinale, moins fruitée que les 2 nouveaux venus. Il paraît plus sec et moins marqué par le finish. Il est plus proche du Fort Dauphin mais je trouve les deux métissages plus intéressants, surtout le Maputo.
En bouche la version Wild Island est certes plus boisée mais aussi plus fruitée et complexe. Il passe au-dessus du Fort Dauphin par une bouche plus aromatique et complexe, ainsi qu’au-dessus du Maputo qui paraît trop austère à côté.
Conclusion
Voilà 2 rhums au profil gustatif finalement proche mais au public-cible totalement différent. Là où le Fort Dauphin, de par son titre alcoolique et son ampleur aromatique, représente une porte d’entrée parfaite dans le monde des single casks Savanna, le Maputo lui vise clairement l’amateur éclairé habitué aux bruts de fûts à haut degré.
La comparaison avec l’autre Armagnac finish a elle aussi été instructive, avec d’une part le nez des Métissage qui surpasse la version Wild Island et d’autre part la bouche qui inverse complètement la tendance…
Dernier point enfin, il va falloir voir le prix de ces cuvées. Le marché du rhum étant ce qu’il est en 2021, et l’âge de ces rhums étant parmi les plus élevés sortis par la distillerie, je crains fortement les tarifs. Mais patience, nous aurons bientôt la réponse et c’est le moment de croiser les doigts 😉

Retrouvez les rhums de cet article sur Rum X : ici
Toujours intéressantes ces dégustations… Merci pr le partage ! 😉
Dommage que vs n’attribuiez pas de notes, ça permettrait de se faire une idée + précise de vos ressentis même si cela resterait bien évidemment subjectif….
Bonne continuation 😉
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Merci 🙂
Je n’aime pas les notes justement à cause de ce côté forcément subjectif d’abord et puis parceque pour mettre correctement des notes il faut une échelle de référence avec, par exemple, un rhum pour chaque palier. Du coup c’est compliqué à mettre en oeuvre pour un résultat qui d’office ne me conviendra pas… Du coup je m’abstiens 😉
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Mettez des étoiles alors ! ;-p
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