Dégustation du soir, Martinique

Neisson: VSOP ou VSOP?

C’était l’annonce sans doute la moins attendue chez Neisson et pourtant elle est bien là: Neisson se met au VSOP. Enfin quand je dis « se met », c’est plutôt « se remet » puisque jusqu’à la refonte de la gamme des rhums vieux il y quelques années, Neisson avait une « Réserve spéciale » au catalogue, ce qui n’est qu’un autre terme pour désigner un rhum vieilli au moins 4 ans dans l’AOC Martinique. Mais celle-ci avait disparu, laissant la place au « Vieux » qui pouvait donc compter un an de moins, et au XO qui lui a minimum 6 ans. Disparition réparée puisque ce VSOP vient s’intercaler dans la gamme, remplissant du coup toutes les catégories de l’élevé-sous-bois (Profil 105/107) au XO en passant par le vieux et le VSOP donc.

Autre facette surprenante de l’histoire, en 2020 Neisson fête ses 88 ans et a choisi de le célébrer en faisant des éditions spéciales. Nous ne nous retrouvons donc pas avec un VSOP mais bien deux VSOP! Le premier sorti est la version 88 ans, vendue uniquement à la distillerie et qui a passé presque 5 ans en fût entre le 9 juillet 2015 et le 16 avril 2020. Cette version est sortie à 1200 exemplaires et titre à 44%, soit « 88 US proof », de quoi faire un clin d’œil à l’anniversaire. Le second sorti est une version dédiée au partenaire historique de Neisson, j’ai nommé La Maison du Whisky, qui hérite là d’un VSOP plus vieux puisque celui-ci a approximativement 5 ans et demi. Son parcours est particulier puisque le rhum distillé en 2014 a passé 4 mois en fût neuf de Profil 105 (le premier enfûtage test d’ailleurs),pour ensuite passer presque 2 ans et demi en fût de Bourbon avant de terminer par de nouveau presque 2 ans et demi en fût de Cognac. Celui-ci a été embouteillé au même titre de 44% mais ne sort qu’à 900 exemplaires. Bref une même dénomination mais deux cartes de visite différentes. Une autre différence c’est le prix puisque la version distillerie est (enfin était) vendue 60€ sur place, quand la version LMDW est commercialisée 95€ en métropole. Les taxes et la différence d’âge faisant leur effet entre les deux.

Dégustation

(notes de Thomas et de moi-même)

Nez

Premier contact avec la version LMDW et le profil est nettement boisé. Il se pare de raisins secs, d’épices (poivre, piment), de miel et de cire à bois. Le tout forme un ensemble plutôt riche avec des notes de pain grillé, de cacao et de vanille.

Changement de verre et direction la version distillerie pour des notes relativement proches: le boisé est fin, marqué par les épices également, des notes de pépin de raisin, du miel et un côté légèrement sucré. Une note de fraîcheur, jointe à des fruits secs torréfiés et du bois grillé viennent compléter la perception générale.

En comparaison directe, la version distillerie est moins gourmande, moins portée sur ce côté miel/cire que la version LMDW. Son boisé paraît du coup un peu plus sec, sans pour autant que ça tranche réellement. Les deux profils sont d’ailleurs tellement proches qu’à moins de les comparer en direct je ne suis pas sûr de pouvoir les différencier.

Bouche

On commence avec la version distillerie cette fois qui est toute en finesse: du boisé mêlé à des fruits, pêche blanche, abricot, coing et fruit confit. Le boisé est toujours bien présent avec quelques note empyreumatiques par moments. L’intégration de l’alcool est complète, à aucun moment on ne détecte sa présence.

Dans l’autre verre, côté LMDW, le boisé est bien présent aussi, il est toasté et légèrement compoté. On sent le bois enrichi par des belles notes confites, des fruits secs (noix de cajou), du cacao et quelques épices. Le miel du nez est plus en retrait en revanche.

La comparaison montre une longueur à l’avantage de la version distillerie, celle-ci se fait plus douce, avec une amertume boisée moins marquée que dans la version LMDW

Bonus: comparaison à la cuvée du 3e millénaire

Au cours de la dégustation comparative, mon inconscient m’a gentiment suggéré que le profil de ces VSOP se rapprochait finalement pas mal du profil de la cuvée du 3e millénaire, ce qui en y réfléchissant n’est pas si saugrenu. Du coup voyons voir ce que donne cette ancienne cuvée 3M juste après ces VSOP 🙂

Au nez le 3M est discret, légèrement vineux, marqué sur le raisin sec et les fruits à coque. C’est fin et élégant, le boisé n’est que suggéré. En bouche il révèle de la gourmandise avec une belle sucrosité associée à de la frangipane, un boisé riche et des fruits confits. Mon dernier contact avec cette cuvée du 3e millénaire remontait loin mais c’est un rhum que l’on retrouve avec plaisir tant il est juste.

Au final on a effectivement un rhum assez proche de ce que les VSOP récents proposent, le côté toasté/épicé en moins présent. L’amertume boisée de la longueur se fait également bien plus discrète sur la cuvée du 3e millénaire.

Conclusion

Voilà donc deux nouveautés en une qui viennent enrichir la gamme Neisson d’une belle façon. Certes ces VSOP ne vont pas faire rêver les grands amateurs de Neisson (dont je fais partie) mais ils sont bien faits et, surtout pour la version distillerie, le positionnement tarifaire fait que les amateurs seront pleinement satisfaits de leur achat. Côté gustatif les différences entre les deux versions sont ténues, pas de regret donc si une des deux version vous a échappé car oui, la version distillerie est d’ores et déjà en rupture de stock apparemment…

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