À l’heure où les prochaines sorties Old Brothers pointent le bout de leur nez, je vous propose un petit retour en arrière avec des embouteillages sortis depuis un certain temps mais sur lesquels je ne pouvais pas faire l’impasse. Je ne vous fais pas l’injure de vous présenter Old Brothers, on en a déjà parlé précédemment avec deux belles bouteilles sorties de chez Hampden notamment. Mais la marque de fabrique de l’embouteilleur ce sont les assemblages « inédits », il est donc temps de nous pencher 4 de ceux-ci, alliant tous deux distilleries différentes mais qui, sur papier du moins, se complètent bien. Voyons voir ça 🙂
1 – Cuvée La Canne 2.0 Fiji/HJF 2011 – 58,3%
La première bouteille du jour est le seul assemblage dont nous parlerons qui ne soit pas du 100% Jamaïque puisqu’il s’agit d’un blend de deux rhums de Pot Still, l’un issu des Fiji (distillé en 2011, composant à 89% le blend), l’autre étant un Hampden HJF de 2008, sans doute celui (ou son frère) que nous avons déjà goûté précédemment). Les deux rhums ont vieilli en fût ex-bourbon et ont passé 10 ans sous les tropiques avant de terminer leur vieillissement par 1 an en Europe. 200 cols ont été embouteillés pour le groupe Facebook de la « Canne 2.0 » au titre alcoolique de 58,3% (230g/hlap d’esters – 879g/hlap de congeners). La bouteille a été commercialisée au tarif de 149€ les 50cl à sa sortie (hors expédition).

Nez
Forcément le profil « Fiji » ressort en premier. La vanille et l’ananas sont enrobés dans un sucre cuit et dans une pâte à brioche beurrée du plus bel effet. Avec l’ouverture les notes plus végétales prennent place, avec un boisé un peu vert, accompagné de menthol, de notes de camphre et de girofle.
Bouche
Le ressenti sur le palais est proche du ressenti olfactif, le boisé prend un peu plus de place, apportant avec lui une légère amertume. L’ananas et la vanille sont toujours présents, avec ce caramel qui est en train de brûler dans la casserole. La Jamaïque se fait logiquement discrète pour un rhum plutôt plaisant malgré un boisé un peu trop net pour moi.
2 – Rum of Freedom ITP/HJF 2009 – 61,5%
Deuxième bouteille du jour et retour complet en Jamaïque cette fois pour le mariage de deux distilleries emblématiques, Hampden et Long Pond. Au programme, 75% de l’assemblage est constitué d’un ITP de chez Long Pond, distillé en 2009, et les 25% restants sont eux constitués de Hampden HJF, distillé en 2008. Chacun a séjourné sous les tropiques pendant 11 ans avant de terminer son vieillissement par une année en Europe pour atteindre un taux de 342g/hlap d’esters et de 1171g/hlap de congeners. Enfin dernière information importante, la bouteille était commercialisée au tarif de 139€, toujours les 50cl.

Nez
Tout de suite ça s’exprime beaucoup plus. La gourmandise est très présente mais sans excès grâce à la vivacité qu’apporte le titre alcoolique. L’ananas est ici bien rôti, beurré à la poêle avec toute l’opulence qu’on en attend. une fois la cuisson au beurre de l’ananas terminée, il a été caramélisé pour un résultat des plus appétissants. Une pointe de réglisse vient finaliser un nez très agréable.
Bouche
Le boisé fait une nette apparition, reléguant l’ananas au second plan et apportant de nouveau cette petite amertume. Le fruité se fait beaucoup moins gourmand que ce que le nez laissait espérer. Petite déception donc mais on reste un joli jamaïcain, juste un peu moins extravaguant qu’attendu.
3 – ITP/<>H 2009 – 63,1%
Troisième flacon, on reste sur le même mariage ou presque que le précédent. Seuls changent le mark du Hampden et la proportion de l’assemblage. Ici le rhum ITP de 2009 ne représente « plus » que 70% de l’assemblage, les 30% restants étant un rhum « marké » <>H et ayant été distillé en 2001 tout de même. Oui, sans doute celui-là même qui nous avait tant plu lors d’une dégustation précédente. Ici aussi le vieillissement est en très grande majorité tropical et l’assemblage, titrant à 63,1%, a été commercialisé au tarif de 169€ les 50 cl.

Nez
La gourmandise fait un pas en avant par rapport au rhum précédent. Les fruits exotiques s’accompagnent de fruits rouges pour entourer un ananas parfaitement mûr. Le boisé est discret, laissant transparaître des notes de solvants au loin.
Bouche
De nouveau la cohérence est de mise avec un profil très fruité, typiquement jamaïcain, entre l’ananas caramélisé et le boisé légèrement végétal pour le coup. Le profil est réussi mais me semble le moins complexe des 4, faisant sans doute aussi de ce rhum le plus accessible de la série.
4 – Cuvée WuDramClan MLC/HJF 2002 – 66,3%
Dernier rhum du jour, on change une des distilleries jamaïcaines pour obtenir cet assemblage réalisé pour le collectif Wu Dram Clan. Exit Long Pond, ici on associe la distillerie Clarendon à un rhum de chez Hampden. Pas de détail complet de l’assemblage cette foic-ci, juste les deux marks (HJF et MLC). Pour le reste, 17 ans de vieillissement tropical, augmentés d’un an et demi en Europe, pour un titre final de 66,3%. Le tarif de sortie est à la hauteur de l’âge, soit 269€ pour 50cl.

Nez
À peine servi dans le verre que le rhum exhale déjà tous ses parfums. On le laisse tout de même s’aérer et il en dégage un mélange très homogène et gourmand. L’alcool se fait sentir mais sans être piquant, laissant s’exprimer la vanille, les fruits tropicaux mûrs (ananas, passion) et la brioche beurrée si caractéristique. Les solvants attendus ne sont que très discrets, dépassés par des notes de sucre cuit et de fruits rouges, fraise en tête. Un très très joli nez!
Bouche
La cohérence entre nez et bouche est presque parfaite. Seul un boisé discret fait son apparition mais il se mélange parfaitement à l’assemblage tout en équilibre du nez. Comme si le boisé avait fondu dans un jus de fruits tropicaux et de brioche. Une vraie belle réussite qui me fait regretter de ne pas en avoir une bouteille tant le coup de coeur est flagrant!
Conclusion
La conclusion est assez facile tant les 4 rhums présentés se complètent. Tout d’abord saluons le travail d’assemblage: les 4 sont parfaitement réalisés, avec un profil gustatif qui va d’un élément à l’autre sans déséquilibre. Le titre alcoolique qui peut faire peur au premier regard ne m’a pas dérangé une seule fois, ce qui est également à saluer.
Ensuite s’il fallait désigner un « gagnant » le MLC/HJF serait bien évidemment devant d’après mes goûts. Ce ne sera sans doute pas le cas de tout le monde mais il a pour moi tout ce qu’un bon rhum jamaïcain doit avoir. Les trois autres références ont toutes trouvé leur public bien entendu mais cet embouteillage Wu Dram Clan relève de la pépite!