Il y a quelques mois de ça je vous emmenait faire un tour dans le plus petits des crus cognaçais, les Borderies. C’était une très jolie balade mais heureusement il n’y a pas qu’un seul cru dans la région et il est temps d’en explorer un autre. Direction donc les Fins Bois, ce cru qui reprend toute la zone périphérique des « crus-stars », Grande Champagne, Petite Champagne et Borderies. Les Fins Bois produisent beaucoup de volume et le Cognac qui y est produit est réputé comme vieillisant plus vite que les Grande et Petite Champagne, tout en donnant un Cognac rond et fruité. Attention tout de même que la terre au nord et au sud du cru n’est pas la même, et surtout, comme pour tout spiritueux, le terroir ne fait pas tout.
Concernant la dégustation du jour, c’est une nouvelle fois grâce à la famille Grosperrin que je peux vous la proposer. Les 4 Cognacs du jour m’ont été gentiment proposés par Guilhem et vont nous emmener dans les Fins Bois à travers les décennies.

1 – Fins Bois 1990 – 49%
Nous commençons avec un Cognac millésimé puisque celui-ci a le droit d’arborer fièrement son « 1990 » sur l’étiquette. Issu d’un domaine viticole de Bonneville, il a vieilli depuis sa distillation en chai contrôlé et peut donc certifier son âge, passage obligatoire pour être millésimé.

Nez
Le profil est fin, plutôt délicat, et très marqué par le fruit. La pêche, très présente, est accompagnée de notes d’agrumes et de fraise. Le boisé est finement ciselé, présent mais discret, et il se teinte de notes de tabac.
Bouche
La bouche est plus « attendue », avec comme premiers marqueurs un raisin vineux, légèrement souffré. Le boisé est présent comme au nez, c’est à dire fondu dans l’ensemble pour ne pas être oppressant. Le fruité est plus fin qu’au nez mais tout de même agréable, dominé par une pêche saupoudrée d’épices.
2 – Fins Bois n°68 – 56,4%
Faisons ensuite un bond dans le temps pour un Cognac qui remonte certainement à 1968 même si cette fois-ci il ne peut pas l’indiquer. À noter cependant qu’il bénéficie d’une indication d’âge minimum de 36 ans, ce qui n’est déjà pas rien. Produit sur les coteaux calcaires de Vars à 100m d’altitude, voilà un joli fût gardé précieusement par les différentes générations de la famille d’exploitants.

Nez
Voilà un nez riche et gourmand, avec tout ce qu’il faut d’opulence pour me plaire. Les fruits sont confits mais aussi frais, avec de la pêche, de l’abricot et du raisin. Le boisé est précieux, rappelant les vieux meubles cirés qui embaumaient les maisons de nos ancêtres. Le tout est relevé par de jolies notes grillées qui apportent encore un peu de complexité à un ensemble qui n’en manquait déjà pas.
Bouche
Après un tel nez difficile de faire au moins aussi bien. Et pourtant la continuité est totale avec une bouche toute en gourmandise. Le boisé est toujours aussi intégré et fruité, j’y retrouve des notes de cerises en plus de tout ce qui a été noté au nez…. miam
3 – Fins Bois n°58 – 44,5%
Ce Fins Bois a été acheté à l’époque par Jean Grosperrin, et conservé dans les chais familiaux depuis. Il a bénéficié d’une première mise en bouteille en 2017 avant que le solde ne soit embouteillé cette année, en 2021.

Nez
Globalement le profil est relativement proche de celui du 68 juste au-dessus, c’est à dire un beau fruité gourmand avec un boisé discret. C’est dans les nuances que la différence se fait puisque celui-ci se pare d’un côté bien plus floral avec des notes de rose notamment. Côté fruits j’y retrouve de la pêche, bien marquée, accompagnée de raisin et de cerise. Enfin je retrouve des petites notes minérales pour terminer la description.
Bouche
Là encore la cohérence est de mise avec une bouche tout aussi gourmande que le nez si pas plus. Les fruits sont encore une fois bien présents mais le boisé fait un pas en avant bien marqué pour revenir au premier plan. Celui-ci est ciré de nouveau, et tirant même sur le miel par moments. Rayon fruits c’est de nouveau la pêche qui est bien présente même si dans la longueur elle vire à la nectarine verte.
4 – Fins Bois n°22-52 – 46,1%
Ce Cognac, produit à Brousse, est issu d’une propriété familiale qui remonte au minimum au début du siècle mais qui n’a été équipée d’un véritable alambic qu’en 1950. Nous sommes ici face à un assemblage de deux lots réalisé par le producteur lui-même avant une mise en bombonne en 2000.
Nez
Le profil est différent des précédents et on sent qu’on est sur quelque chose de plus agé. Cet assemblage est plus marqué par les épices dans son boisé qui reste fin. Bien entendu les fruits sont là aussi avec de l’abricot, de la prune, du raisin muscat et même un peu de mangue, mais à côté il y a du tabac, une pointe de réglisse et des notes de pierre à fusil. Une légère sucrosité vient avec l’ouverture, faisant apparaître des notes de bonbon à la violette.
Bouche
Sur le palais l’attaque est très fine, toute en douceur au premier contact, pour ne s’ouvrir qu’après quelques secondes en bouche, comme avec un « effet retard ». Ici aussi le fruité a fait un pas en arrière pour laisser la place à un boisé élégant, ciré, et garni de poivre ainsi que d’une petite minéralité (ce côté pierre à fusil qui revient). Dans le fruité on ne retrouve preques plus que le raisin adouci par les années. Un cognac plus fin que les précédents je dirais.
Conclusion
Le résumé est relativement simple pour une fois: tout est bon 🙂 Si vous aimez les vieux Cognacs avec un profil fin le 22-52 vous ravira, il est fin et complexe. Si vous aimez les fruits comme moi ça sera plus compliqué de choisir tant les 3 autres ont chacun leurs qualités. Ma préférence personnelle irait plutôt à 68 mais vous pouvez m’offrir celui de votre choix ils me plaisent tous les trois 😉