Autres destinations, Dégustation du soir

Caroni Employees n°5, la suite du début de la fin

Prenons un moment pour profiter de la nouvelle édition des Caroni Employees, 5ème et avant-dernière du nom. Leur sortie intervient un peu moins d’un an après la 4ème série (Thomas vous en parlait ici).

Il s’agit ici encore, de rendre hommage aux anciens employés de la distillerie, qui ont été photographiés par Fredi Macarini sur les lieux mêmes de la distillerie, laissés à l’abandon depuis la fermeture en 2001.

Chacun de ces embouteillages arbore la mention « heavy rum – full proof », indiquant donc qu’il s’agit de la version lourde des Caroni en bruts de fûts (Luca Gargano expliquait encore l’année passée lors d’une masterclass que c’était la meilleure manière de profiter d’un Caroni, et que le réduire ne serait pas opportun).

Ils ont tous trois été distillés au Trinidad en 1996, ont vieilli 23 ans sur place, puis ont été transférés en cuve inox en 2019 pour y reposer encore 2 années supplémentaires. Chaque fût a subi une évaporation de plus de 85% de son volume (c’est qu’ils ont une fameuse descente ces anges)…

Chaque version a été dépoté en 740 bouteilles de 70cl et 1038 bouteilles de 10cl (les matheux feront le calcul du volume embouteillé!). Les grandes bouteilles se sont écoulées en une poignée de secondes (par tirage au sort via LMDW), et les petites étaient réservées à quelques passionnés réunis dans le groupe VSGB (pour Velier Small Great Bottles) ayant la possibilité d’acheter quelques éditions des rhums Velier en version 10cl (le Foursquare Sassafras a lancé le bal, le nouveau Hampden LROK a complété la vente des Caroni ici présentés, et plusieurs autres embouteillages sont encore à venir).

La dégustation se fera d’abord individuellement, dans l’ordre croissant du degré alcoolique, puis de manière comparative pour conclure.

1 – édition « verte » : Roopnarine « Roop » Toolsie – 66,1%

Cette version met à l’honneur un menuisier ayant travaillé à la distillerie pendant 6 ans. Elle est embouteillé à 66,1%.

Lors du service dans le verre, je remarque une belle robe orangée claire, un peu comme un Cognac.

Nez

Dès le service, on sent que les arômes seront essentiellement à chercher du côté empyreumatique. Les hydrocarbures sont bien présents, ainsi que les solvants (plutôt vers le caoutchouc/plastique brûlé), j’y trouve même un peu de cire d’abeille. C’est assez doux même si très typé Caroni. Après une bonne heure d’aération, les solvants sont toujours bien présents, et un côté mentholé apparaît allié à la fraicheur du clou de girofle et d’autres épices. Les notes boisées ne sont pas aussi marquées que l’on pourrait s’y attendre malgré l’âge de « la bête ». Une fois le verre sec, on trouve toujours quelques notes mentholées et une odeur de goudron, mais surtout un nez assez « sucré ».

Bouche

Lorsque je le goûte la première fois, j’ai directement l’impression que ma bouche est recouverte par une sensation de chaleur. L’alcool me tapisse le palais, sans m’agresser malgré le degré alcoolique. J’y retrouve directement le côté sucré de la mélasse, qui me donne une impression de douceur. Sur la longueur, l’alcool est toujours très bien intégré, une légère amertume se détache, mais les solvants présents au nez sont évidemment bien présents, avec des notes de goudron et de plastique brulé.

2 – édition « noire » : Dhanraj « Dan » Maharaj – 66,3%

Cette version met à l’honneur un menuisier ayant travaillé à la distillerie pendant 22 ans. Elle est embouteillé à 66,3%.

La robe de celui-ci est un tout petit peu plus foncée que celle du premier.

Nez

Le premier nez est plutôt sucré, mentholé et bien entendu le côté goudron ne manque pas à l’appel, le contraire eut été étonnant! Il me semble même retrouver un petit côté toasté. Après une bonne période d’aération (environ une heure), le goudron se fait plus présent, sans pour autant être désagréable. D’autres solvants viennent également compléter cette observation, avec une note florale et sucrée (un peu comme du miel) qui se fait remarquer. Les épices et le menthol sont toujours présents, rejoint par un côté « médicament », le tout complété par des arômes boisés. Une fois le verre sec, c’est surtout le cuir qui peut se faire sentir.

Bouche

à nouveau, l’alcool tapisse directement le palais, pour donner cette sensation de chaleur. Il est néanmoins relativement bien intégré là aussi. Les solvants se font tout de suite ressentir, ainsi que le goudron. Le bois est présent également, avec un petit côté fumé, style « tourbe de whisky ». La bouche est assez vive, et laisse une légère amertume. Une touche de chocolat noir se ressent dans la longueur. Je peux encore profiter de longues minutes de ces arômes en bouche.

3 – édition « rouge » : Deodat « Breeze » Manmohan – 66,3%

Cette version met à l’honneur un commercial ayant travaillé à la distillerie pendant 9 ans. Elle est embouteillé à 66,7%.

La robe de celui-ci est un tout petit peu plus foncée que celle du premier.

Nez

Le premier nez est fortement marqué par les solvants, avec un petit côté « colle PVC », mais le profil est plutôt vers le caoutchouc d’un pneu que vers le goudron. Il semble plus doux à première vue, avec même un côté plus fruité. Après aération, les solvants sont toujours présents, le goudron apparait lui aussi, le côté fruité reste un peu. Le nez est plus alcooleux, et laisse entrevoir des notes de cuir, de tabac et de vieux bois. Une fois le verre sec on est vraiment sur le tabac.

Bouche

Une légère amertume se démarque dès le début, avant même que l’alcool ait eut le temps de recouvrir mon palais, avec sa sensation de chaleur. L’impression qu’il me laisse est d’être un peu « piquant », toujours avec des arômes de goudron et de solvants. Le côté boisé est indéniable, et l’alcool me semble un peu moins bien intégré. Des notes d’écorce d’orange ainsi que de tabac et de cuir font leur apparition. La longueur est très marquée sur le solvant et le bois. Les arômes restent de longues minutes en bouche.

Conclusion – Comparaison

Au nez, ma préférence irait à l’édition « Dan » car le nez semble un peu plus rond quand il est mis en comparaison avec ses deux « frères » : le « Roop » étant plus léger et le « Breeze » m’agressant un peu plus le nez. À la dégustation, ma préférence va clairement au premier (édition « Dan ») qui est plus doux et agresse moins les papilles, je trouve les arômes du « Breeze » trop prononcés/agressifs par rapport aux deux autres qui sont plus agréables à boire. Une chose est sure : il faut les laisser s’aérer un bon moment avant d’en profiter. À voir après quelques semaines/mois d’ouverture, si l’observation sera toujours la même…

Vous donner les prix ne servirait à rien, ils ne sont quand même plus disponibles sur le marché habituel, mais ils commencent à sortir sur le marché secondaire à des prix exorbitants… « Rum is for pleasure, not for resale » parait-il…

Retrouvez ces rhums et beaucoup d’autres sur l’application RumX:

Roopnarine « Roop » Toolsie

Dhanraj « Dan » Maharaj

Deodat « Breeze » Manmohan

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