Spiritueux (hors rhum)

Fillioux ’75: un grand Cognac

C’est parce que l’homme n’a eu de cesse d’évoluer, au cours du temps, qu’il n’a eu de cesse de découvrir de nouvelles choses. Certes tout n’a pas toujours été merveilleusement positif dans l’histoire, mais tout de même, il y a eu de belles réussites. C’est fort de ce principe que l’amateur de rhum que je suis s’est un jour dit qu’il goûterait bien d’autres trucs, histoire de voir si il n’y a pas quelque chose d’intéressant à y trouver. Et sans vous gâcher le surprise, il s’avère que si… Du coup je me suis dit, autant vous en parler ici aussi, non? Et donc voilà que nous inaugurons cette catégorie du blog qui contiendra de tout sauf du rhum. De l’Armagnac à la Zubrowka (enfin non n’exagérons rien, mais il me fallait un nom en Z), nous allons parcourir le monde merveilleux des autres spiritueux 😉

Et pour commencer nous allons nous diriger vers les spiritueux à base de raisin, aussi appelés « Brandy ». Le principe est le même que pour le rhum à la différence près que l’on part du raisin et pas de la canne à sucre. Cette grande famille de Brandy contient des sous-familles et nous allons nous concentrer sur l’une d’entre elles: la sous-famille du Cognac. Donc oui, en résumant très fort, le Cognac n’est rien d’autre qu’un Brandy sous AOC. Simplement un distillat de raisin qui respecte un cahier des charges bien défini dans l’Appellation d’Origine Contrôlée. Un peu comme si le rhum martiniquais avait choisi de ne pas s’appeler « Rhum de Martinique » mais « Martinique » tout court.

Et pour nous intéresser au Cognac, je vais aujourd’hui me plonger dans la première maison par laquelle je suis tombé dedans: les Cognacs Jean Fillioux. La famille Fillioux est établie en Grande Champagne (l’une des zones décrites dans l’AOC) depuis 5 générations et peut s’enorgeuillir de voir ses produits labellisés « 1er cru de Cognac ». C’est par une visite à leur stand lors d’un salon bruxellois, puis par une visite de leur ferme cognaçaise lors des vacances suivantes, que j’ai découvert que le Cognac, ce n’était pas qu’une vieille carafe boisée. Car oui, le Cognac, qui peut avoir cette image de carafe sans âme, assemblée au cours des années pour toujours se ressembler, peut aussi prendre la forme d’un magnifique fût unique, vieilli patiemment pour développer toutes ses particularités, révéler son terroir et montrer au monde que le Cognac peut aussi être sexy. Et Dieu sait que chez Fillioux, ce n’est pas le savoir-faire qui manque. Leur gamme recèle de petites perles mais aujourd’hui je vais vous parler d’un embouteillage un peu particulier puisqu’il est issu de la gamme Through The Grapevine, TTG en abrégé. Cette gamme, créée par La Maison du Whisky, en France, reprend des embouteillages d’exception d’une série de magnifiques producteurs. Nous sommes là face à un embouteillage d’un fût non-millésimé de 1975. Celui-ci a vieilli plus de 43 ans avant d’être embouteillé en 2019 et présenté au Whisky Live Paris la même année (souvenez-vous, je vous en avais déjà parlé). Il a été embouteillé selon ce que les anges ont bien voulu laisser au titre de 44,1%. Son prix, eu égard à son âge, est une prouesse dont les producteurs de rhum feraient bien de s’inspirer puisqu’il n’est vendu que pour 135€… Certes c’est une somme mais rappelons nous que le dernier Velier Privateer de 3 ans s’est vendu 100€… Je vous laisse y réfléchir et je me penche sans tarder sur la dégustation de ce bijou!

Nez

Le nez apporte des fruits à profusion. Le raisin est évidemment présent mais il s’accompagne de pêche, de mangue, de cerise et de pomme. C’est exotique à souhait tout en penchant par moments sur un Calvados bien fruité. Ces fruits sont rehaussés par un boisé fin, sec, et délicatement maîtrisé. Des notes de tabac blond, d’herbes aromatiques et un côté amande/massepain ajoutent de la profondeur au profil qui laisse parfois transparaître des notes de grillé.

Bouche

En bouche, le raisin et la pêche du nez sont toujours bien présents, mais voient un boisé un peu plus franc apparaître, accompagné d’une belle touche vanillée. A peine une gorgée terminée qu’on a déjà envie d’y retourner. C’est hyper gourmand et sacrément bien foutu, l’ alcool est parfaitement intégré. Dans la longueur on part sur des fruits secs, noisette en tête, avec le raisin qui revient au premier plan. La longueur est d’une belle durée, persistant bien sur le palais.

Conclusion

Le savoir-faire de la maison Fillioux n’est plus à démontrer pour les habitués du Cognac, mais on atteint ici un paroxysme de fruité que j’ai rarement retrouvé. Le boisé apporte juste ce qu’il doit, ni plus ni moins, et le terroir de la Grande Champagne s’exprime pleinement. En un mot comme en 100, c’est un vrai régal et de mon point de vue le candidat idéal à faire goûter à quelqu’un qui ne connaît pas du tout les eaux-de-vie de Cognac!

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