Dégustation du soir, Guadeloupe

Bologne: classés confidentiels

Aujourd’hui je vous emmène en Italie pour découvrir cette belle ville de Bologne, chef-lieu de la région d’Emilie-Romagne…. ah pardon, on me dit que pas du tout, Bologne c’est en Guadeloupe? Ah oui juste, on parle de rhum et pas de tourisme 🙂 Bon, on recommence!

Aujourd’hui donc, direction la distillerie Bologne en Guadeloupe. La distillerie est installée sur une surface de 150 hectares sur un plateau volcanique de Basse-Terre et est notamment connue pour ses productions de rhum à base de canne noire qu’elle est la seule à utiliser sur l’île. Mais d’autres types de canne sont utilisés sur la plantation et la réputation de la distillerie n’est plus à faire au niveau des rhums blancs.

Fin de l’année 2019, Bologne a sorti un duo de bouteilles nommées « Les Confidentiels ». Deux bouteilles, une issue d’un fût unique, l’autre fruit d’un assemblage, qui ont été embouteillées sans réduction ni filtration à froid. Le premier, issu du fût G02, a passé un peu plus de 10 ans en fût entre mai 2009 et octobre 2019. Il a été embouteillé brut de fût à 54,3%. Le second, badgé de la mention « Hors d’âge » et de celle « millésime 2010 », a passé 9 ans en fût et a été embouteillé à 52,9%. Les deux ont été vieillis en fût de chêne français et sont sorties en bouteille de 50cl pour un tarif de 110 à 120€/bouteille.

Crédit photo: Distillerie Bologne

1 – Confidentiel Single Cask 2009 – 54,3%

Nez

Hmm voilà un rhum qui sent bon: le nez est puissant et expressif. La trame principale est boisée et marquée par le sucre cuit. C’est vanillé, gourmand et bien marqué par le tabac frais, blond. Les notes sont à la fois fumées (par petites touches) et à la fois sur la cerise presque confite. Des notes pâtissières se font également remarquer pour complèter le tableau et donner un profil sec, au caractère typé, mais aussi étonnament rond.

Bouche

Sur le palais la cohérence est de mise avec des arômes similaires si pas identiques. Sans surprise ça reste bien boisé mais bien plus marqué par les fruits secs torréfiés que le nez. L’amande grillée est bien présente et s’enrobe du caramel. La cerise du nez est ici aussi présente pour donner une palette très proche de celle du nez. Vu le plaisir apporté par le profil olfactif, on ne va pas s’en plaindre.

2 – Confidentiels Hors d’âge 2010 – 52,9%

Nez

Ici encore le marqueur principal sera le bois. Celui-ci a nettement marqué le rhum de son empreinte, faisant du même coup ressortir des marqueurs « classiques » d’un rhum bien boisé comme la vanille et le caramel toasté. À côté de ça on retrouve un poivre léger qui accompagne des fruits plutôt confits. J’y retrouve de la poire et de la pêche qui apportent de la rondeur au profil, finalement d’une façon assez similaire au précédent.

Bouche

Là encore pas de surprise, la bouche est bien boisée aussi, également bien marquée par le caramel, sans doute plus présent que dans le rhum précédent. L’ensemble est grillé avec des notes empyreumatiques qui viennent enrober les fruits qui sont carrément cuits maintenant. En dégustant chacun de ces rhums de son côté la proximité des deux est forte, il est donc temps de les mettre en face à face 🙂

3 – Le Duel

La proximité qu’il m’avait semblé détecter lors des dégustations individuelles se confirme. Les deux profils sont vraiment très proches et il faut se concentrer pour y trouver des différences pourtant présentes. Tant au nez qu’en bouche le Hors d’âge (52,9%) gagne en gourmandise face au 2009. Il a comme les coins plus arrondis, me semblant plus abouti dans son homogénéité. Le Single cask (2009) se démarque en étant plus marqué par les fruits secs et le bois, et moins par cette gourmandise fruitée qui pourtant se démarquait à la dégustation seule. j’en ai été moi-même surpris tant il m’avait semblé fruité à la dégustation mais j’ai vérifié et non, il n’y a pas eu d’erreur de version. Autant ce Single Cask 2009 peut sembler fruité seul, autant le Hors d’Âge le remet à sa place en face à face.

Conclusion

Au final nous sommes ici face à deux beaux rhums. L’un plus sur les fruits secs et le pâtissier, l’autre sur les fruits compotés et la gourmandise, mais tous les deux très marqués par le bois. Se procurer les deux me semble donc dispensable mais difficile de choisir entre eux sans y goûter. Reste un point qui n’a pas encore été abordé: le rapport qualité/prix. Car oui, ces deux rhums sont bien faits et très agréables mais il y a un inconvénient, leur prix. En effet, il ne faut pas oublier que nous sommes face à des bouteilles de 50cl. Le prix ramené en bouteilles de 70cl atteint donc 170€, pour un rhum guadeloupéen d’une dizaine d’années. Certes Bologne n’a jamais été une distillerie bon marché (il suffit de regarder le prix de son duo VSOP/XO) mais tout de même, j’aurais préféré un prix plus bas. Néanmoins ne nous méprennons pas, l’amateur y trouvera plus que son compte et ces rhums ont le mérite d’avoir une vraie identité qui leur fait mériter leur place dans le bar de l’amateur de rhum guadeloupéen 🙂

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