Il y a de cela quelques années se liait, sur une petite île des Caraïbes, un partenariat entre une distillerie et un embouteilleur. Cet accord liait la distillerie Foursquare, située à la Barbade et dirigée par Richard Seale, et l’embouteilleur italien bien connu Velier, dirigé par Luca Gargano. De cette union allait naître un embouteillage devenu mythique, grâce notamment à son prix de sortie: le Foursquare 2006 par Velier. Cet embouteillage n’était en quelques sorte qu’un Foursquare « classique » en bouteille Velier. Mais son prix (99€ en France), la qualité du contenu et la « patte » Velier ont fait qu’il s’est arraché comme des petits pains. Vu le succès énorme de cet embouteillage, nos deux amis se sont alors lancés dans une série dont les variations n’ont d’égal que l’imagination derrière les noms donnés aux bouteilles, mais dont le point commun est un prix qui a toujours été supérieur à celui du père fondateur le fameux 2006 🙂
Triptych, Principia, Destino chez Velier répondant aux Dominus, Premise, Empery et autres sortis par la distillerie en solo. Quand je vous dis que l’imagination pour les noms est prolifique… Le point commun dans ces rhums Velier c’est que ce sont tous des assemblages de rhums ayant vieilli, au choix, en fût de Bourbon, de Sherry, de Madère, de chêne neuf, etc. Et pour chaque cuvée le vieillissement varie et la durée aussi. Voilà pour le résumé, passons maintenant à la présentation du rhum qui nous intéresse aujourd’hui, le Patrimonio.
Nous voici donc devant un rhum de 14 ans, fruit de l’assemblage de deux distillats. Le premier a vieilli 14ans dans un ancien fût de Bourbon. Le second a passé 10 ans dans un ancien fût de Bourbon lui aussi, mais a ensuite passé 4 ans dans un ancien fût de Sherry. Tous ces vieillissements se déroulent bien entendu sous le climat tropical et le rhum de chaque fût est lui-même un assemblage de distillat issu de la colonne Coffey et du Pot Still à double retort de la distillerie. Le résultat, embouteillé à 58%, est vendu en France/Belgique au « doux » prix de 179€ tout de même…
Dégustation
Nez
Le profil aromatique est plutôt homogène et cohérent. Je dirais, pêle-mêle, des notes de noisettes grillées, de la vanille, du café et un certain rancio. L’ensemble me fait penser à une boisson qui serait entre le café légèrement sucré et le vin rouge. C’est plutôt confit avec une petite acidité.
Après ouverture la gourmandise de l’ensemble devient plus nette. La coco se mêle au rancio pour venir donner une touche plus exotique à l’ensemble. Certains arômes me rappellent maintenant les distillats de raisin, Cognac et Armagnac notamment.
Bouche
À la première gorgée on ressent l’alcool qui est tout de même assez présent. Le ressenti est fortement tourné vers le caramel grillé ou la mélasse chauffée. Des notes de café et un peu de rancio se joignent à la parade (moins de rancio qu’au nez tout de même). Un boisé léger accompagne l’ensemble mais le fil conducteur est clairement parmi les notes empyreumatiques, ce qui induit une légère amertume en bouche. La longueur est sur le même profil, cohérente avec le reste de la dégustation.
Conclusion
Avant de conclure cette dégustation je me dois de remercier le généreux « qui-de-droit » qui m’a gentiment offert ce sample (et un autre que vous découvrirez plus tard) et à celui qui m’a prêté sa bouteille pour la séance photo. Merci à vous donc 😉
Côté rhum, même si j’ai essayé de déguster ce rhum sans à priori, je reviens tout de même à mon postulat de départ: « un Foursquare de plus ». Alors oui, c’est bon, c’est bien fait et plutôt gourmand. Oui c’est suffisamment pointu pour plaire aux amateurs éclairés et le taux d’alcool plutôt élevé permet de procurer un densité aromatique intéressante. Mais ces qualités sont applicables à la plupart des sorties de la distillerie, Velier ou non. Du coup difficile de se dire que le prix passe au second plan et personnellement, je ferai donc l’impasse sur cette bouteille 😉
Les amis des amis du Rhum 