Guadeloupe, Saison 7: 2023, Soirées Amis des Amis du Rhum

S7 E1: Longueteau

Janvier: les fêtes sont derrière nous, la galette des rois est terminée et la saison des carnavals n’est pas encore lancée. Quelle meilleure période pour lancer une nouvelle saison des Amis des Amis du Rhum? Et pour débuter cette saison, direction la Guadeloupe avec une des distilleries dont la réputation n’est plus à faire en matière de rhum agricole: la distillerie Longueteau.

Longueteau c’est avant tout, selon mes goûts, ce qui se fait de mieux en Guadeloupe en terme de rhum blanc. Que ce soit leur rhum « de base » (à 50, 55 ou 62%), leurs parcellaires ou leurs brut de colonne, difficile de faire le moindre reproche sur ce point là et ils sont clairement dans mon top 3 personnel à l’heure du ti’punch. Mais Longueteau c’est aussi une certaine image marketing, surtout ces dernières années. Ils ont mis en place toute une communication axée autour du mot « Gentleman », avec des visuels ultra-soignés, mais aussi avec une refonte complète de la gamme de rhums vieux, désormais regroupés dans la gamme « Harmonie ». Mais je ne vais pas détailler plus longuement ici puisqu’on va en parler avec chaque dégustation, donc passons à la suite avec les notes combinées de Cédric L, Cédric Sip et Thomas!

1 – Parcellaire n°11 – 55%

Lorsque Longueteau a lancé, il y a quelques années, son premier rhum parcellaire il s’agissait véritablement d’une révolution. Sortir un rhum, issu non seulement d’une seule récolte, mais également d’une seule parcelle et d’une seule sorte de canne, c’était pour ainsi dire du jamais vu. Depuis du rhum a coulé sous les ponts et même si beaucoup de marques ont emboité le pas, les parcellaires restent LA marque de fabrique de Longueteau à mon sens. Nous nous penchons aujourd’hui sur la dernière parcelle en date commercialisée, la parcelle n°11. Celle-ci est plantée en Canne Rouge et nous allons déguster le rhum issu de la récolte 2020 d’une parcelle cultivée dans les conditions du bio, avec un entretien 100% manuel permis par sa petite taille, à peine un demi hectare. La récolte a permis de sortir 3000 bouteilles, commercialisées au prix de plus ou moins 45€.

Nez

Le premier abord est vif, avec un nez à la fois végétal et marqué par les épices et les agrumes. On y retrouve du poivre blanc, un peu de citron et pas mal de pamplemousse. Le profil est assez différent des autres parcellaires de la maison mais pas inintéressant.

Bouche

Plutôt cohérent avec le ressenti du nez, le poivre s’accompagne ici de cannelle et de réglisse. Les agrumes sont plutôt vers le citron cette fois-ci (et en particulier son zeste). La canne fraîche apporte une petite sucrosité bienvenue sur ce rhum agréable à déguster.

2 – Constellation 2022 – 57,5%

Penchons-nous à présent sur une série limitée que nous avions découvert lors du dernier Whisky Live parisien: la version 2022 de la cuvée Constellation. Derrière cette bouteille tout simplement magnifique se cache la volonté d’honorer la plus mythique des courses de voiliers, la « Route du Rhum », dont l’arrivée se déroule tous les 4 ans en Guadeloupe. En 2018 la distillerie avait sorti une première édition, déjà très réussie. Il était donc logique, 4 ans plus tard, de nous sortir une nouvelle version. La bouteille a été entièrement revue et dessinée spécialement (je vous ai déjà dit qu’elle était magnifique?) pour contenir cette cuvée issue de l’assemblage de rhum de la parcelle n°1 (à base de Canne Rouge donc) et de parcelle n°7 (à base de Canne Bleue). L’ensemble a reposé 8 mois ensemble avant de nous parvenir. Cuvée limitée certes mais pas de raison de courir non plus puisqu’on parle tout de même de 17000 cols, vendus là aussi au prix approximatif de 45€.

Nez

Ultra frais et parfumé, dès le premier contact c’est une évidence, voilà une pépite! Les parfums virevoltent du citron à la canne fraîche en passant les notes poivrées, florales et végétales. S’il fallait résumé le nez, ça serait que ça sent le Ti’punch sans rien avoir besoin d’y ajouter!

Bouche

Pas de surprise, le profil si gourmand du nez se retrouve en bouche. Le citron, la fraîcheur, la canne et les notes florales. S’ajoutent l’orange, histoire d’arrondir l’ensemble et de perdurer jusque dans la longueur. Un vrai plaisir qui ne demande qu’une chose, y retourner!

3 – Constellation 2018 Vieux – 50%

Je vous l’ai dit, il y a 4 ans la première cuvée Constellation avait remporté tous les suffrages. Logiquement la distillerie avait alors décidé d’en passer une certaine quantité en fûts. Le résultat est là, après 4 ans en fût (ex-Cognac). À noter que la cuvée 2018 était composée d’un assemblage de 3 parcelles mais 100% Canne Rouge, contrairement la version 2022. Après vieillissement ce rhum a été embouteillé à 3000 exemplaires et a été commercialisé au tarif honorable de 55-60€.

Nez

Sans être surprenant il répond présent là où on l’attend, c’est à dire qu’il nous propose un profil au boisé équilibré, vanillé et teinté de fruits secs (amande et noisette pralinée) qui apportent un côté pâtissier. Quelques notes de menthol, de cire et de miel viennent compléter le tout.

Bouche

Pas de surprise là non plus, le boisé reste présent mais équilibré, même s’il prend un peu plus de place qu’au nez. Au second plan on va retrouver quelques fruits cuits et de la mangue mûre. L’alcool se fait par moment un tout petit peu présent mais sans que ça ne soit problématique. La finale fait ressortir une note saline assez perceptible et plutôt surprenante.

Gamme Harmonie

Nous entamons maintenant la gamme « Harmonie », c’est à dire la gamme permanente des rhums vieux chez Longueteau. Cette gamme a remplacé les habituelles références liées à un compte d’âge (VS, VSOP, XO, etc.) et ne comprend que des références sans aucun compte d’âge officiel. Les différents éléments sont construits pour fournir une expérience différente au dégustateur sans l’influencer avec un âge. Du coup on enchaîne les noms en rapport avec la musique que l’on va déguster dans « l’ordre » de la gamme.

4 – Cuvée Prélude batch 11 – 49,8%

Nez

La jeunesse du rhum se traduit par un profil assez changeant et variable. Les parfums ressentis vont de la fleur blanche teintée de miel au mélange de pain grillé et de boisé en passant par des notes herbacées et des fruits comme la pêche, les agrumes (citron) et les fruits compotés. Une pointe de tabac iodé vient ponctuer ce tableau finalement assez plaisant.

Bouche

Vif et fougueux, il cache mal son faible âge avec un alcool légèrement présent. Le fruité est frais et présent derrière un boisé jeune mais net. Plutôt marqué par l’orange et la pêche qui s’accompagnent de vanille et de caramel. Bref c’est jeune mais plutôt bien fait, même si on ne peut pas vraiment parler de longueur en bouche, ce qui peut décevoir.

5 – Cuvée Symphonie batch 10 – 48,7%

Nez

Finalement assez proche du Prélude mais avec une touche de finesse et d’intensité en plus. Le boisé est doux et élégant, les agrumes et la pêche sont rejoint par l’abricot. La vanille et l’amande sont toujours là, avec un côté canne à sucre qui parfois ressort.

Bouche

De nouveau, on est un cran au-dessus du précédent en terme de complexité même si ça reste assez simple. Le boisé est toujours au premier plan, avec quelques notes alcooliques par moment. Le fruité vient ensuite, un peu plus gourmand, avec de belles notes de vanille pâtissière, légèrement caramélisée. On retrouve un peu plus de longueur même si ce n’est pas encore énorme.

6 – Cuvée Concerto batch 8 – 47,9%

Nez

On continue à « descendre » dans les parfums plus lourds, plus marqués. Fini les fleurs et la légèreté, le profil toujours boisé se pare d’épices, d’empyreumatique et de notes de rancio. Les fruits sont mûrs, confits, étalés sur un pain toasté. Quelques notes de chocolat noir viennent encore ajouter de la profondeur.

Bouche

Ce genre de profil passe souvent mieux en bouche avec un titre alcoolique plus élevé et celui-ci ne déroge pas à la règle. Certes le boisé est toujours présent mais les autres notes se font plus discrètes. On retrouve les fruits confits mais légers, intégrés dans une légère amertume qui heureusement n’empêche pas de trouver ce Concerto facile à boire.

7 – Cuvée Opéra batch 1 – 46,4%

Nez

Nouvel arrivé dans la gamme, on peut dire que les dégustations des précédents ont montré qu’il y avait une place à prendre. Et de fait, on gagne ici clairement en complexité avec un mélange bien plus équilibré de boisé, d’épices et de fruits confits. Des notes de cuir, de chocolat et de sucre cuit viennent compléter des notes vineuses marquées qui ne sont pas sans rappeler un bel Armagnac.

Bouche

Cohérent vis à vis du nez, on reste sur un profil plus complexe. Le boisé est riche et complexe, avec les fruits compotés/confits, un rancio certain et des notes pâtissières et empyreumatiques. Quelques touches d’abricot sec, de menthol et de fruits secs (amandes notamment) viennent rajouter au profil finalement assez bien fait. Il mériterait d’être comparé au XO qui a l’air de persister dans la gamme, si toutefois l’arrivée de cet Opéra ne vient pas sonner le glas de cette ancienne référence.

8 – Genesis 2016 Vieux – 71,7%

En 2016 Longueteau a été parmi les précurseurs en lançant son propre Brut de Colonne, c’est à dire son rhum blanc sans aucune réduction. Certes le rhum subissait un repos en cuve bien nécessaire, mais aucun ajout d’eau n’a lieu entre la sortie de la colonne et la mise en bouteille. À cette occasion, un peu sur le même principe que le Genesis vieux ci-dessus, la distillerie a décidé de mettre en vieillissement de ce brut pour nous sortir, d’abord un Genesis élevé-sous-bois plus tôt, et ensuite le « Vieux » qui nous occupe aujourd’hui. Toujours aucune réduction, et donc un rhum qui titre à 71,7% et qui est issu de la parcelle n°9, plantée de Canne Rouge. Reste que le tarif est aussi fort que le titre alcoolique puisque la bouteille est commercialisée autour des 140€ tout de même.

Nez

Etonnamment l’alcool n’est pas le premier marqueur qui apparaisse. L’intégration fait qu’on retrouve pas mal de rondeur, avec des épices et des fruits. D’un côté ce sera de la cassonade, de la cannelle et du clou de girofle, de l’autre on trouve des fruits exotiques bien mûrs et des agrumes. Quelques notes de cire viennent finaliser un profil plutôt prometteur.

Bouche

Le miracle d’intégration du nez montre ses limites sur le palais, l’alcool se rappelant à notre bon souvenir dès le premier contact. Le mélange est toujours balancé entre un boisé vanillé et des fruits caramélisés, voire grillé en ce qui concerne le pamplemousse.

Conclusion

Pour une reprise, c’était une belle soirée de reprise avec une grande maison du rhum agricole. Elle aura été instructive pour les participants, avec un coup de cœur général et unanime sur le Constellation 2022, certainement LE rhum blanc de l’année pour mal d’entre nous. La gamme des vieux laissera les gens plus partagés, avec cette gamme Harmonie qui certes propose des choses intéressantes mais a aussi l’inconvénient de manquer de personnalité en voulant sans doute trop en faire. Reste à saluer la gamme Genesis, qui est sans doute la gamme de brut de colonne qui souffre le moins la critique.

Retrouvez toutes ces dégustations sur l’application RumX:

Parcellaire 11; Constellation 2022; Constellation 2018 Vieux; Prélude; Symphonie; Concerto; Opéra; Genesis 2016 vieux

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