En préambule à la masterclass Ferroni qui nous occupera très bientôt, petite plongée aujourd’hui en Guadeloupe avec ces deux « Gwada » de chez Ferroni.
À ma gauche, le Gwada à 44%, à ma droite, le brut de fût à 56.5%. Mais me direz-vous, est-ce la seule différence? Eh bien non, il y en a d’autres! Le premier, réduit à 44%, provient de la distillerie Bellevue (celle dont sortent les rhums Damoiseau) et est issu d’un fût unique, distillé en 1998, et est resté dans son fût initial (ex-bourbon) tout au long du vieillissement, passant les deux dernières années à Marseille. Le second, le brut de fût, a eu une autre vie. Certes il est lui aussi issu de la distillerie Bellevue, a lui aussi été distillé en 1998 et à également passé deux ans à Marseille en fût de Bourbon. Par contre ensuite, il est passé pendant une année dans un fût de Rasteau, ce vin doux naturel dont la maison Ferroni est friande pour apporter un petit quelque chose en plus au rhum. Il a ensuite été embouteillé sans réduction, pour sans doute mieux exprimer ses arômes!
1 – Gwada 1998 – 44%
Nez
Le nez est en premier lieu épicé. Celles -ci sont mêlées à un boisé délicat qui fait ressortir la vanille. Les fruits à chair blanche comme la pomme et la coco sont présents, donnant un côté gourmand, un peu rond, au rhum. Après un moment un côté « saucé » apparaît, laissant apparaître des agrumes et du caramel notamment. Le nez est agréable et donne envie de s’y plonger.
Bouche
Vu l’âge et la titre alcoolique on pouvait s’y attendre mais l’attaque en bouche est toute en finesse. Les arômes sont comme timides, sur la pointe des pieds et ont du mal à s’exprimer pleinement. On y retrouve un boisé net, plutôt présent et légèrement humide. Les épices du nez sont présentes, tout comme le caramel. Les fruits sont devenus confits et la fin de bouche fait ressortir une petite amertume. Des arômes d’olive et de sous-bois terminent la longueur en bouche pour un rhum qui au final est sans doute trop sage pour être pleinement appréhendé.
2 – Gwada 1998 Brut de fût – 56,5%
Nez
Une douzaine de degrés en plus mais surtout le finish en fût de Rasteau ont bien modifié le profil de ce rhum vis à vis du précédent. Le profil est bien plus herbacé, ne laissant que peu de place aux épices. Celles-ci sont présentes mais plus discrètes, accompagnées d’un peu de boisé et d’un toute petite touche de fruits. L’alcool se fait parfois un peu ressentir et il apporte une sensation de menthe fraîche. Après un bon moment dans le verre de la gourmandise fait son apparition sous la forme de fruits confits.
Bouche
Comme pour la version réduite, le boisé prend le dessus sur la langue. Le côté herbacé du nez s’adoucit et se retrouve mélangé aux épices et aux fruits verts. En revanche passé ce premier profil c’est le côté « saucé » détecté au nez du réduit qui fait son apparition (non je n’ai pas mélangé les verres 😀 ). Le profil devient plus gras, pâtissier. Un peu d’amertume fait son apparition en fin de bouche mais cette évolution sur le palais apporte pas mal de gourmandise en plus à ce rhum par rapport à la version réduite. Pas de doute, l’effet « brut de fût » est ici bien présent.
Conclusion
Voici donc deux rhums-frères qu’il était très intéressant de comparer lors de la dégustation. Retrouver les arômes de l’un dans l’autre a bien confirmé la filiation mais repérer les différences est bien plus étonnant. Difficile de dire si les différences viennent du titre alcoolique plus élevé ou du finish Rasteau mais clairement la version brut de fût a bien plus de choses à raconter. Pour le reste, nous voilà devant deux « Bellevue 1998 » de plus pourrions-nous dire, mais même si ces rhums reviennent souvent chez les embouteilleurs indépendants, ils sont tout de même souvent de belles réussites.