Autres destinations, Dégustation du soir

Aircon 1997/2017 Arturo Makasare

Aujourd’hui nous nous envolons vers Trinidad avec un rhum de la distillerie Caroni qui a vieilli 20 ans.

Pour rappel, la distillerie Caroni a été établie en 1923 au Trinidad, et a toujours été connue pour ses profils assez « heavy » qu’elle fournissait essentiellement à la marine britannique. Elle a fermé ses portes au début des années 2000, suite à une faillite de la sucrerie attenante. Les stocks ont été conservés bien à l’abri avant d’être rachetés en grande partie par Velier et d’autres embouteilleurs en 2004. Un livre serait en préparation, il nous en apprendra peut-être plus sur l’histoire autour de la distillerie et de son rhum. En effet, plusieurs légendes et histoires à ce sujet circulent, bien souvent critiquées ou remises en question. Peut-être parce que, depuis lors, les bouteilles s’écoulent en une poignée de secondes, et se revendent à prix d’or dans la foulée, puis atteignent des sommes astronomiques suite à un mouvement de spéculation sur le marché secondaire, mais ne rentrons pas dans le débat.

Ce rhum a donc été distillé en 1997 et embouteillé en 2017 par Corman-Collins en Belgique, à 49,1%. Pour la petite histoire, la marque « Caroni » ayant été déposée par Velier (l’embouteilleur italien, dirigé par Luca Gargano, qui revendique être le seul à commercialiser le Caroni original pour ceux qui n’auraient pas suivi) il n’est nulle part fait mention du nom « Caroni » sur l’étiquette ou la boîte. Tout au plus est-il indiqué « Trinidad Rum » (pour le pays d’origine de la distillerie). Cette règle s’applique d’ailleurs pour tous les « Caroni’s » suivants embouteillés par Corman-Collins (pensons au Zipp It, par exemple).

Pour en revenir à la bouteille, les plus observateurs auront analysé son étiquette, en particulier l’avion clair et son indicatif « AIRCON » (activez vos neurones, pensez anagramme… Caroni… Aircon… je vois que vous suivez toujours!). Quelques prénoms sont mentionnés sur une route tracée sur le plan sous les avions, en hommage et/ou remerciement à des amis de l’embouteilleur. L’étiquette fait un peu penser à d’anciennes plaques émaillées publicitaires, voire à une planche tout droit sortie d’une bande dessinée. La bouteille est sortie sous la marque Arturo Makasare, qui comprend plusieurs embouteillages de Corman-Collins, tous avec des étiquettes dans le même style et contenant des rhums de plusieurs origines.

Nez

Dès l’ouverture de la bouteille, il n’est pas difficile d’identifier ce qui s’y trouve tant le profil olfactif Caroni est reconnaissable. Les hydrocarbures ne peuvent se cacher bien longtemps, voire pas du tout! Le côté goudron est bien présent (plusieurs personnes évoquent d’ailleurs « la route fraîchement refaite » lorsqu’ils mettent leur nez au dessus d’un de ces breuvages), même si cela reste assez agréable et à peu près délicat (on est pas non plus sur un Caroni trop lourd)! En y replongeant le nez, j’y trouve un côté sucré (comme du caramel), la note mentholée est présente aussi pour « arrondir les angles », sans oublier bien entendu les arômes boisés, ce qui est normal pour un rhum de cet âge. Après aération, le profil reste surtout sur les marqueurs d’hydrocarbure et de goudron. Après quelques heures, une fois le verre vide et sec, il ne reste plus que de lointains arômes sucrés, mêlés à ceux du goudron, du cuir et quelques notes de tabac, le tout laissant le souvenir du breuvage qui y a séjourné.

Bouche

En première bouche, l’attaque est assez puissante, le côté alcooleux tapisse immédiatement le palais, alors que les arômes identifiés au nez se font remarquer : le cuir arrive immédiatement, suivi du goudron et du côté mentholé. La finale, assez longue, laisse s’exprimer les arômes boisés, ainsi qu’une légère touche d’agrumes (je pense à de l’écorce d’orange, notamment). Une belle longueur s’installe en bouche par après, pour de longues minutes. Le tout reste assez équilibré… enfin, autant que puisse l’être un Caroni!

Conclusion

Voila un Caroni (ah non, un Aircon pardon) tout ce qu’il y a de plus classique. Tant au nez qu’en bouche, les profils dopés aux hydrocarbures sont facilement reconnaissables. L’alcool y est bien intégré et il est agréable de déguster ce breuvage titrant à 49,1% d’alcool. Un bon Caroni, bien fait, qui saura plaire aux amateurs de la chose qui ne veulent pas nécessairement se faire « défoncer le palais » avec certains autres embouteillages qui « cognent » plus. À noter qu’il se trouve encore ça et là mais dans des gammes de prix très diverses… il était sorti à 175€ (de mémoire) mais se trouve de nos jours à 350€ chez Corman-Collins ou sur le marché secondaire.

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