L’été étant fini, la période des salons reprend de plus belle. Après le salon Quintessence, voici le salon Dugas Club Expert (pour ceux qui ne connaîtraient pas, Dugas est un des importateurs français de spiritueux et surtout … de Rhum). Seconde année de participation pour ma part avec pas mal de changement cette année!
Premièrement : le lieu! On passe d’un ancien site de liquoriste au palais Brongniart, place de la bourse. L’endroit est somptueux, lumineux, avec de hauts plafonds (à défaut de passer le nez en l’air, on aura pas trop chaud) et -et c’est agréable- beaucoup plus d’espace entre les stands .
Deuxièmement, l’ouverture au public le dimanche! En effet les années antérieures le salon n’était accessible qu’aux professionnels du secteur.

L’ambiance en revanche est toujours au rendez-vous: des personnes passionnées, qui vous parlent sans langue de bois de leur passion, et une communauté du monde du rhum qui s’apprécie. Voilà qui procure de bons moments (mentions spéciale à Hervé qui était en grande forme, ainsi qu’à Cat Arnold et Jonathan Almonte pour leur accolade 😀 ).
Les nouveautés
Chez Trois Rivières, Daniel Baudin nous fait découvrir deux « Single Cask ». Un 2007 (fût M2-14) vieilli en fût de Cognac et un 2004 (fût 19-38) vieilli en fut de Bourbon. Le face à face est très intéressant et la différence gustative est énorme. Le 2007 est très rond et fruité, assez léger, face au 2004 plus boisé/épicé.
Après l’Oman et le Bois d’Inde, il est venu le temps de découvrir la dernière référence qui clos cette superbe série sur les trois rivières du domaine : la Saint-Pierre. Le produit est très fin, empyreumatique et bien équilibré. Ma préférence reste quand même sur le Bois d’Inde avec ses belles notes épicées. Ce Saint-Pierre est pour moi en seconde position devant l’Oman.
Passons au stand d’à côté : HSE. Pas de grosse nouveauté depuis le Rhum Fest, juste 3 nouveaux batchs. Un finish Sauternes 2007 qui est plus boisé et moins liquoreux que ces prédécesseurs. Un finish Fino & Olorrosso 2007 plus fin et équilibré que ce que la version 2005 m’avait laissé comme souvenir (une belle redécouverte). Et un Single Cask 2003-2019 (dernier batch) qui ne cesse de se perfectionner avec le temps. Une dégustation verticale des différents batchs de ce 2003 serait vraiment intéressante.
Continuons maintenant chez Depaz avec le nouveau brut de fût: le 2005. Comme pour son petit frère (le 2000 sorti l’année passée), 2 fûts exclusivement pour le marché français (ça va encore faire bosser Mondial Relay cette histoire). Gustativement, on est sur un Depaz assez boisé et épicé, sans fausse note. Personnellement, je trouve que le 2000 était un cran au-dessus.
Restons en Martinique, direction La Favorite. Pas de grosse nouveauté, une redégustation de La Digue nous a permis de confirmer qu’il s’agit d’un très bon produit, avec une belle sucrosite (plus besoin de sucre pour le ti-punch).
La version finale de la Privilège pour Lulu, assemblage de 5 millésimes (1998, 2000, 2001, 2002 et 2008), est plus aboutie que la version dégustée au Rhum Fest. On y retrouve clairement le lien gustatif avec la Privilège 1999 pour André Dormoy.
Le dernier stand qui a retenu mon attention est Nine Leaves. J’avais déjà découvert la gamme il y a quelques années au Rhum Fest mais sans grand intérêt à l’époque. J’ai donc profité cette occasion pour réessayer leurs produits afin de m’en faire une idée neuve et de voir s’ils avaient évolué.
Le Clear est agréable au nez et en début de bouche mais la finale est assez rustre, pas trop dans mes goûts. Les vieux ont passé 2 ans en fût de chêne français ou américain (neuf tous les deux). L’American Oak Barrel est assez rond, pâtissier, délicat. Je le trouve agréable. Le French Oak Barrel est quand à lui plus costaud, le boisé est bien plus présent, avec un finale plus longue.
Ce fut donc un bonne surprise pour ces 2 rhums malgré un rapport qualité/prix assez faible (comptez 80€ pour un 2ans d’âge) .
Voila pour les dégustations détaillées.
Pour la suite, nous avons testé quelques petites choses diverses et variées : Un Ti’arrangé de Ced Ananas-caramel-beurre salé (bien maîtrisé, on ressent bien tous les composant et sans trop de sucre), un Damoiseau 2007 (bon mais trop fin et léger selon mes préférences chez eux), un Père Labat 59% embouteillé à la distillerie (bien meilleur que l’horrible gnôle achetée en grande surface en métropole), un Saint Lucie de la Maison du Rhum (pas mauvais mais une petite proportion de Pot Still m’aurait plu) ainsi qu’un Chairman’s Reserve (sympa mais pas transcendant). Un petit passage chez Séverin, avec un blanc 55% terreux et métallique (à croire qu’il y eu un soucis de fabrication), un VO et un VSOP pas beaucoup plus intéressants, et un XO qui remonte un peu le niveau mais qui reste encore loin des autres maisons de l’île.
Les Expériences
Il nous restait un peu de temps à la fin de salon pour nous lancer, mon cher acolyte Jérôme et moi, dans quelques expériences « recommandées » par notre ami : le rhumeur à la poussette…
Premièrement un Matusalem rosé (!) dont voici le processus de fabrication (tenez-vous bien) : un rhum vieux, filtré sur charbon actif pour le rendre limpide, re-vieilli 3 ans en fût de vin rouge espagnol, assemblé avec la base du vieux 15 ans de la marque et embouteillé en bouteille « design » de vin rosé. Couronnez le tout avec une belle sérigraphie de raisin et de canne à sucre ainsi qu’un bouchon vinolock et « Boum » vous avez le produit! Pas vraiment d’intérêt gustatif, assez plat et sans réel aromatique mais bon, est-ce vraiment important?

Seconde expérience: le Kuna vieilli en fût de Bourbon ayant servi au vieillissement des feuilles de cigare Davidoff…. Rien qu’un verre servi à moins de 10 mètres et vous savez qu’il est présent dans la pièce! C’est mentholé, le cigare est beaucoup trop présent, ça me donne des haut-le-cœur. On a dû se motiver tous ensemble pour oser goûter nos verres et en bouche … c’est encore pire! Le cigare, le menthol, le caramel… tout cela se mélange et reste (malheureusement) bien présent pour un bon moment.

Du coup, obligé de passer par les Whisky (un peu) tourbés pour ne pas garder ces arômes durant le reste de la soirée, mais ça c’est une autre histoire.
Conclusion
Voilà qui clôturera donc cette agréable visite. Le salon est certes bien plus petit qu’un Whisky Live ou un Rhum Fest mais il y a aussi moins de monde, les producteurs/maîtres de chai/commerciaux/ambassadeurs/etc sont plus relax et l’ambiance est vraiment agréable. Le monde du rhum est petit et il est réjouissant de voir que les gens de diverses marques puissent toujours s’entendre aussi bien.