Alors que la boutique fêtait au mois de juin son premier anniversaire, il est temps de faire un petit retour en arrière de ce qu’elle nous a proposé de plus original depuis son ouverture: les rhums à servir directement au fût! En effet, dès le début la boutique a voulu nous offrir la possibilité de venir au magasin avec sa propre bouteille vide, quel qu’en soit son volume, et de repartir avec celle-ci remplie de l’un au l’autre élixir soigneusement sélectionné.
1 – Worthy Park 2013 – 65,7%
Le magasin ne fêtait pas encore ses 2 mois qu’il accueillait déjà son premier fût et pas n’importe lequel: un fût de rhum Worthy Park! Celui-ci, distillé en 2013, était donc âgé de presque 9 ans au moment de son arrivée. Pas beaucoup plus d’infos sur la fiche technique, si ce n’est le tarif de commercialisation: 55€ / 70cl… Que demander de plus? 😉
Nez
Pas de doute, dès le premier contact on sait où on est! Ça sent la Jamaïque dans tout ce qu’elle a de plus typique, avec un cocktail de colle/solvants et de fruits tropicaux mûrs. La mangue, la papaye et la banane sont archi-mûres pour mieux accompagner l’amande et la cire de meuble.
Bouche
Sans surprise après un nez aussi typique, la bouche nous permet de continuer le voyage. Cependant la colle et la cire de meuble font un pas net en avant pour occuper le premier plan. Les fruits sont encore là mais plus discrets avec un alcool légèrement présent. Le boisé se montre lui aussi plus marqué, toujours ciré mais accompagné d’une amande devenue amère. Bref c’est moins funky qu’au nez mais pas moins intéressant.
2 – Trinidad Distillers 2006 – 64,1%
Deux bons mois plus tard, un 2ème fût fit son entrée dans la boutique. Issu cette fois de la distillerie Trinidad Distillers (TDL) à Trinidad, celui-ci contenait un rhum de 2006, soit le double de l’âge du jamaïcain. Le titre alcoolique était proche mais le tarif lui grimpait à 98€ les 70cl, toujours raisonnable pour un rhum de 16 ans (dont 11 en tropical).
Nez
Au début le nez est relativement léger. On sent bien le côté « Trinidad » avec un nez assez classique mais toujours plaisant. Avec l’ouverture il prend de l’ampleur et s’installe dans un profil assez gourmand, avec un boisé caramélisé, teinté de fruits confits et de quelques épices gourmandes (cannelle, réglisse). Avec l’ouverture la sucrosité se fait croissante pour un nez de plus en plus enjôleur.
Bouche
Très cohérent avec le nez, si ce n’est que le boisé se fait plus présent. Le profil reste typique de la distillerie, le caramel enrobe les raisins secs pour une jolie gourmandise. Une vraie belle réussite ce « petit » TDL!
3 – Père Labat 2017 (2 versions)
Début 2023 une troisième sélection est venue s’ajouter au catalogue avec cette fois un rhum agricole tout droit venu de la distillerie Père Labat (Marie-Galante). Plus jeune, celui-ci a été distillé en 2017 et titre à plus de 70%. 70 est d’ailleurs le chiffre à retenir à propos de ce rhum là puisque son tarif est de 70€ les 70cl… À noter qu’une partie du rhum a été mis dans un petit fût ex-Cognac en boutique depuis 2 mois, celui-ci sort actuellement à 71,6%.
Version en fût de Cognac roux (65%) vs finish Cognac 10L (70,4%)
Nez
Pas mal de points communs entre les deux versions. Le boisé est léger et assez herbacé. Quelques notes de vanille se frayent un chemin dans un nez très sec, marqué par le crayon et la cellulose. Quelques notes de cire de meuble sur la version « brute » plutôt remplacées par un début de gourmandise très « Cognac » sur la version « finish 10 litres ». Dans les deux cas j’espère un mieux en bouche car le nez n’est pas à mon goût.
Bouche
Et malheureusement l’amélioration espérée n’est pas là, les deux versions restent très végétales et herbacées, avec toujours ces quelques notes de vanille bien isolées dans un profil très « vert ». Comme au nez la version « finish » gagne un peu en gourmandise et en rondeur mais c’est léger et ça ne suffit pas à arrondir complètement le profil de base. Les deux versions me laissent qui plus est une légère amertume dans la longueur. Bref n’étant déjà pas un grand fan de la distillerie ce ne sont clairement pas des rhums sur lesquels je vais me jeter…
4 – Cognac Prunier XO – 44,5%
Au printemps il n’y a pas que la nature qui fleurit, les fûts aussi. C’est en tout cas l’adage que Rhum Attitude a voulu appliquer avec cette fois non pas un Rhum mais bien un Cognac! Le fût, tout droit sorti du domaine Prunier, contient un Cognac d’une quinzaine d’année, résultant d’un assemblage de 70% de Grande Champagne et de 30% de Bon Bois. Sans réduction ni filtration (évidemment) il titre à 44,5% et est commercialisé à 63€ les 70cl.
Nez
Changement de monde et de repères, nous voilà avec un profil très différent du rhum. Ici on est baigné dans une ambiance de Cigare Club, avec du tabac, du vieux bois, du vin et une chaleur relative. Exit la gourmandise fruitée, ici ce sont les fruits secs (noisette) et le raisin qui règnent en maître.
Bouche
En bouche le profil se fait plus Cognac, avec un raisin plus marqué, premier de cordée d’un fruité léger mais néanmoins plus présent qu’au nez. Le boisé est intégré pour un résultat agréable même s’il n’est pas révolutionnaire.
5 – Armagnac Château Saint-Aubin 2020 – 56%
Toujours en ce début de printemps 2023 est arrivé un troisième spiritueux différent avec un fût d’Armagnac. Celui-ci vient du Château Saint-Aubin, en pleine zone de Bas-Armagnac, avec une eau-de-vie à peine âgée de 2 ans et à 100% issue d’Ugni Blanc, le cépage le plus courant dans l’appellation. Il est commercialisé au tarif de 57€ les 70cl.
Nez
La jeunesse se ressent sur cet Armagnac marqué par un boisé nettement fumé et une noix qui emmène la troupe des fruits secs. Le raisin est assez peu présent, moins que la cire qui arrondit un peu le profil malgré tout plutôt sec et manquant de gourmandise à mon goût.
Bouche
Cette gourmandise qui manquait au nez fait son apparition en bouche, avec un boisé enrichi des pruneaux typiques de l’appellation. Le profil se fait lourd comme on l’aime dans la région, avec du cuir et les notes empyreumatiques (grillé voire brûlé) qui prennent de la place sur le palais. Une bouche bien plus convaincante en ce qui me concerne!
6 – Clarendon 2012 – 68%
Dernier fût (pour le moment), retour au rhum et en Jamaïque avec une autre distillerie cette fois, à savoir Clarendon. À peine plus âgé que le Worthy Park originel, celui-ci a été distillé en 2012 et a passé plus de 10 ans en tropical en fût de bourbon 1er remplissage (brûlage intense). Encore une fois le tarif est agressif puisqu’il est proposé pour 75€ les 70cl!
Nez
68%, pas de surprise, le premier nez est vif! Néanmoins il n’est pas vif en vain car on sent tout de suite qu’il a des choses à exprimer. Côté profil on est en Jamaïque sans aucun doute, avec un joli vernis qui accompagne un boisé bien vanillé et un panier de fruits tropicaux verts. Un joli mélange qui garde sa fraîcheur pour ne pas devenir trop marqué.
Bouche
Toujours fort logiquement le palais est chaud dès le premier contact, mais avec malgré tout la rondeur enveloppante d’un sucre roux non raffiné. Le boisé est présent, les fruits sont là aussi mais sans être opulents à la jamaïcaine, plutôt confits pour un profil étonnamment « facile » malgré le titre alcoolique. Un très joli Clarendon pour venir ponctuer (pour l’instant) cette aventure des fûts Rhum Attitude 😉
Conclusion
Le principe général de l’histoire peut interpeller et il y aura toujours des détracteurs pour râler sur (biffer les mentions inutiles) l’absence de réduction/le fait de ne pas avoir de jolie bouteille/l’âge limité des spiritueux, toujours est-il que c’est un service qui n’est proposé nulle part ailleurs, qu’il permet à chacun d’acheter le volume qu’il souhaite de spiritueux et qu’en plus ça peut stimuler la créativité de chacun au niveau de l’étiquette. Ajoutons à ça que tous ces jus sont disponibles pour un prix plus que correct, personnellement je ne peux qu’approuver!
Les amis des amis du Rhum 