Vous le savez ou vous ne le savez pas, mais en ce premier week-end de juillet 2023 s’est déroulé un évènement complètement inédit: le Plantation Rum Festival by the Addict! Une vraie « World Premiere » à laquelle j’ai eu la chance de participer et que je vais donc tenter de vous retranscrire 🙂
Imaginez plutôt: une marque de rhum (Plantation), soutenue par son groupe de fans les plus fervents (Les Addicts), se lance dans l’organisation d’un week-end complet de festivités, dans ses installations près de Cognac, avec une prise en charge totale des participants… De la navette d’arrivée au petit-déjeuner de départ, avec tous les repas intermédiaires, le logement au camping local et bien entendu la partie « boissons » du week-end, tout était compris dans le prix (modique) du ticket!

Au programme, nous avons eu droit à un bar à cocktails, à une soirée caribéenne avec ses animations musicales, à une journée complète d’ateliers (de la visite de chai à la masterclass d’Alexandre Gabriel lui-même), à une soirée concert ainsi qu’a des repas tous plus délicieux les uns que les autres (mention spéciale aux plateaux charcuterie/fromages du samedi!). Mais je ne vais pas vous détailler plus que ça la partie festive, je vais plutôt m’attarder sur deux des animations: l’atelier blending et la masterclass du patron 😉
1 – Atelier Blending
Cet atelier était sans doute l’activité que j’attendais avec le plus d’impatience du week-end. Et même si je suis resté un peu sur ma faim, il a quand même été très riche en enseignements. Au programme à notre arrivée, 4 verres noirs, contenant chacun un rhum dont il fallait identifier l’origine et l’âge. Au programme, nous avions un rhum de la Barbade/WIRD (logique), un rhum jamaïcain de chez Clarendon (logique là aussi), un rhum des Fiji et un autre rhum de chez WIRD mais issu du Vulcain, cet alambic historique aujourd’hui remis à neuf et qui fournit des rhums bien plus lourds que les colonnes classiques.

Une fois les origines et âges dévoilés, nous était confié la tâche d’assembler ces rhums comme bon nous semblait pour réaliser notre blend personnel de 10cl. Ma frustration est venue de cette étape que j’aurais aimé approfondir pendant des heures mais organisation faisant, j’ai évidemment dû me résoudre à assembler le tout dans le temps imparti. Assez peu de marge pour faire des essais/erreurs du coup je suis reparti avec un blend 50% Fiji, 30% Clarendon, 20% Barbade et quelques gouttes de Vulcain (oui j’ai un peu dépassé les 10cl, toutes mes confuses)!

Promis, pour le fun je vous ferai une note de dégustation de ce blend absolument unique au monde dès qu’il aura reposé (et que j’aurai pu reprendre mes esprits).

2 – Masterclass Alexandre Gabriel
En vérité cette masterclass a débuté la journée de samedi. Quand, après un petit déjeuner, nous nous sommes retrouvés dans une sorte de cathédrale (une des salles de la nouvelle distillerie Citadelle). Au programme, plus de deux heures à écouter (et interrompre de nos questions) l’homme derrière la Maison Ferrand avec des rhums du plus calme au plus aromatique.

Nous avons commencé avec un rhum de la Barbade de 8 ans, issu évidemment de chez WIRD et qui titrait à 47,2%. Il a passé 5 ans en vieillissement sur place avant de passer 1 an en France en fût de Cognac et 2 ans en fût de Porto. À la dégustation le nez était léger, à base de boisé vanillé tout en douceur, alors que la bouche reprenait ces arômes mais avec un boisé exacerbé, marqué du Porto et de fruits à coques grillés. Bref pas vraiment pour moi vu mon peu d’amour pour le Porto…

Deuxième étape, direction la Jamaïque avec le classique Xaymaca. Ce rhum, qui titre à 43%, présente un taux d’esters de 156g/hlpa tout de même et est réalisé avec un assemblage de rhums de Clarendon (EMB et MLC) et de rhums de chez Long Pond (VRW, STCE et ITP). Ce mariage nous procure un nez assez vif et typique jamaïcain, à base de solvants, de raisins secs et de cannelle. La bouche est douce, nettement marqué par la pâte d’amandes, le beurre et la vanille. Pas inintéressant étant donné son positionnement tarifaire (moins de 40€).

Troisième arrêt, nous restons en Jamaïque avec une future sortie de l’automne, un single cask de chez Clarendon. Le rhum, distillé en 2012, a passé 5 ans sur place, puis 5 ans en fût de Cognac en France avant de finir avec 1 an en fût de Calvados (Drouin). Il titre à 51,2% et affiche un titre de composés volatiles de 143g/hlpa et d’esters de 49g/hlpa. Bien plus léger que Le précédent donc, malgré une fermentation qui a duré une semaine! À la dégustation il m’a semblé fort doux, aussi bien au nez qu’en bouche. Un jamaïcain bien sage en somme.

La suite se passe également avec un nouveau Single Cask mais celui-ci a une particularité de plus, il ne sera commercialisé qu’à Bonbonnet! Pour notre plus grand plaisir nous découvrons donc un rhum de Trinidad, distillé en 2009 en colonne et qui titre à 51,3%. Après 11 ans sous les tropiques il a passé 2 ans en fût de Cognac puis finalement 1 an supplémentaire en fût de Cognac Légendaire il présente un taux de volatiles de 348 g/hlpa et un taux d’esters de 121 g/hlpa. À la dégustation un nez pâtissier et riche nous pose les bases d’une bouche très profonde, à base d’un boisé gourmand, marqué par les fruits noirs, l’empyreumatique et la Brioche. Un rhum qui aura fait l’unanimité et qui sera (et a été le temps de ce week-end) commercialisé à 90€.

Nous attaquons ensuite les choses (très) sérieuses avec deux rhum sortis de WIRD et d’une puissance aromatique rare. Autant vous dire que je suis plus qu’impatient! Les deux ont été distillés intégralement en Pot Still (dans le Gregg et dans le Hot Pot). Le premier des deux arbore le tout premier « mark » officiel de la distillerie, Jaws. Il titre à 65,6% d’alcool et présente un taux d’esters entre 600 et 700 g/hlpa. Au nez il exhale une magnifique brioche à l’ananas, avec de jolies notes de framboise et un beurré très funky. En bouche il est cohérent, puissant (normal vu le titre alcoolique), sur la brioche à l’ananas là aussi, mais avec un boisé pour équilibrer ça. La vanille est légère, elle accompagne la noix de coco pour un rhum décidément bien vif mais terriblement séduisant!

Nous terminons avec un rhum à ne pas mettre entre toutes les mains. D’ailleurs c’est simple, il serait illégal en Jamaïque, le pays des High Esters, étant donné son taux de 2500 à 2600 g/hlpa! C’est énorme, surtout quand on sait que les marks les plus élevés de Jamaïque sont plafonnés à 1700g/hlpa… Pour le reste la fiche technique est la même que le Jaws précédent, si ce n’est un titre alcoolique de 64%. À la dégustation c’est évidemment extrêmement déroutant, avec un premier sentiment de parfum de saucisson, qui ensuite laisse la place à un profil très pâtissier, beurré, marqué par le chêne frais et l’ananas. En bouche c’est chaud mais étonnamment pas aussi brûlant que ce qu’on pouvait craindre. Le profil est cohérent avec le nez, charcutier, mais aussi marqué par la brioche chaude tout juste sortie du four, accompagnée de fruits mûrs comme la mangue notamment. C’est évidemment compliqué à apprécier au-delà de la découverte mais c’est néanmoins extrêmement instructif!

Et c’est avec cette dégustation que notre masterclass s’est terminée, nous laissant profiter encore un peu plus de l’accueil de la Maison Ferrand. Impossible d’être exhaustif tant ce week-end a été riche, bien entendu en rhum mais surtout en rencontres humaines! Je ne vous au pas parlé de la visite de la magnifique distillerie Citadelle, ni du passage par le chai de Javrezac, ni des longs moments passés auprès de Margaux à discuter très ouvertement de la Barge 166 ou des multiples rigolades avec les divers addicts. Je tenais donc à terminer cet article en remerciant les organisateurs de ce magnifique festival, qu’ils soient administrateurs du groupe des Addicts ou qu’ils fassent partie de la Team Ferrand! Vivement la prochaine édition!