Martinique

Rhums d’antan (épisode 1)

Dans le rhum,  il y a ce qui sort maintenant, mais il reste encore par-ci par-là des bouteilles d’un temps où je n’étais pas né, issus de distilleries ou marques qui ont pour beaucoup disparues.

C’est un des « Amis des Amis du Rhum » qui a mis la main sur ces 3 là et il a eu la bonne idée de les partager. Il nous a aussi fait un petit retour de dégustation que vous pourrez trouver ici.

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Présentation

Avant d’attaquer la dégustation, laissez-moi d’abord vous dire un petit mot sur ces trois marques.

Chauvet est une marque française, créée en 1880 par la Compagnie des Antilles, basée au Havre. Elle assemblait des rhums venant de différentes sucreries des Antilles (comme c’était d’ailleurs le cas de beaucoup de marques à l’époque). La marque fut rachetée ensuite par Bardinet.

Les informations sur la marque Saint-Gilles sont difficiles à trouver. Un certain nombre de bouteilles qui circulent encore, dont celle-ci, ont été importées par la Compagnie métropolitaine des rhums et mis en bouteille par Stock en Italie.

Enfin Duquesne est la seule des trois marques qui existe encore. La colonne de la distillerie a été rapatriée dans l’installation de La Mauny avec la colonne de Trois Rivières. La marque produit encore du rhum qui est consommé localement ou exporté vers les USA et le Canada.

Pour ce petit tour dans le passé j’ai invité Simon à se joindre à moi. Voici donc nos notes de dégustation communes!


Rhum Chauvet ’50 – 44%

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Crédit photo : F. Devos

On commence avec le plus vieux des trois. Il s’agit d’ailleurs plus que probablement d’un rhum de mélasse.

Dans le verre la couleur est d’un bel acajou.

Le nez est complexe: nous y retrouvons des notes fumées, un peu de réglisse et des fruits (pruneau et raisin).

En bouche, c’est léger mais l’alcool pique un rien au début. On retrouve ensuite ces notes de fruits du nez.
La finale est courte, sur le raisin, la muscade et un rien de café.

Au final il me rappelle un souvenir personnel: le brandy qu’on nous sert dans l’avion.


Rhum Saint-Gilles ’60 – 45%

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Crédit photo : F. Devos

Nous voici maintenant dans les années ’60 avec probablement ici aussi un rhum de mélasse.

Il a un belle couleur cuivrée et les larmes sont épaisses et lentes.

Au nez, des notes de colle « Patex » viennentse manifester,  avant de laisser la place aux épices (poivre et muscade en tête) et à la cassonade. Après un peu de temps un léger boisé fait son apparition également.

La bouche, elle, est huileuse: le caramel arrive en premier suivi de notre duo d’épices et d’un peu de fruit/raisin.
Ces notes se prolongent sur une finale encore une fois assez courte que vient conclure un léger boisé.

Celui-ci s’en sort donc mieux: il y a une certaine richesse dans ce jus-là que nous n’avions pas retrouvé dans le précédent. Cinq autres centilitres auraient sans doute été les bienvenus pour l’apprécier à sa juste valeur (et passer au-delà de l’effet de surprise).


Rhum Duquesne Val d’Or ’70 – 47%

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Crédit photo : F. Devos

Pour ce dernier rhum de la série, la bouteille mentionne le terme « agricole”. On est donc en droit d’espèrer qu’il s’agisse bien là d’un pur jus.

Le rhum est de couleur cuivre.

Au nez, nous y trouvons des notes de fruits mûrs, du poivre et de la vanille fraîche.

L’attaque en bouche est un peu vive. En plus des épices du nez, nous retrouvons ces notes de fruits mûrs et de raisins.
La bouche se termine sur des notes torréfiées (voire de café), d’un côté mentholé et de zeste d’orange confite.

Des trois, c’est le plus équilibré. De par sa belle finale il mérite en effet notre médaille d’or.


Conclusion

Il y a vraiment une évolution de la complexité aromatique dans ces 3 rhums au fil des trois décennies. Ce fut une très belle découverte pour nous deux, ce retour en arrière est d’ailleurs assez incroyable. Je suis du coup impatient d’en découvrir d’autres, notamment en rhum blanc!

 

 

1 réflexion au sujet de “Rhums d’antan (épisode 1)”

  1. Bonjour, on m’a offert dernièrement une bouteille de rhum Saint Gilles datée au crayon sur l’étiquette de 1943.
    Sur cette même étiquette il est mentionné « importé des colonies françaises par la société des rhums purs », société dissoute en 1932. Donc je me dis que ma bouteille doit avoir au minimum 88 ans.
    Le rhum est de couleur cognac foncé, je n’y connais rien en description gustative mais il est à tomber.
    Voilà, je me suis dit que ça pourrait vous intéresser.

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